Réunion sur la situation sanitaire à la veille de la rentrée de janvier 2022

Le jeudi 30 décembre 2021, les syndicats représentatifs au comité technique ministériel de l’Éducation nationale étaient réunis en visio-conférence par le directeur de Cabinet du ministre pour faire un point après le conseil de défense du 27 décembre. Compte-rendu du Sgen-CFDT.

Réunion sur la situation sanitaire à la veille de la rentrée de janvier 2022Ce que nous avons appris

  • pas de changement par rapport aux décisions du conseil de défense du 27/12 concernant le protocole à mettre en œuvre ;
  • campagne de communication pour inciter à participer aux campagnes de tests pour augmenter l’adhésion des familles aux tests systématiques dans le 1er degré  ;
  • allègement et priorisation des tâches : suspension des formations et animations pédagogiques, report de tout ce qui peut être différé pour prioriser la continuité pédagogique et la gestion de la crise, recrutement de contractuels pour améliorer les remplacements, recrutement de vacataires administratifs dans les circonscriptions pour appui aux directeurs et directrices d’école. Ces consignes ont déjà été transmises aux recteurs et rectrices ;
  • la DGESCO a travaillé avec le CNED et les collectivités locales pour assurer que les dispositifs et infrastructures numériques sont prêts dans l’éventualité d’avoir recours à l’enseignement à distance ;
  • attente des avis et recommandations du conseil scientifique et de la haute autorité de santé pour définir les cas contact, règles de tests et d’isolement en population générale avant de faire la déclinaison pour le système éducatif ;
  • l’État va être plus proactif via les préfets afin que les collectivités locales acquièrent des capteurs de CO2 y compris avec soutien financier de l’État, mais aussi pour identifier et programmer les travaux à réaliser afin d’assurer une meilleure ventilation mécanique (cela concerne sans doute plus les fenêtres que des systèmes de ventilation et filtration que le Sgen-CFDT estime pourtant nécessaires), le ton du discours change un peu sur ce sujet même si on n’en est pas encore au principe d’un État qui se substituerait aux collectivités locales jugées défaillantes sur ces questions ;
  • interdiction des moments conviviaux et de la consommation d’aliments et de boisson debout de type pot de rentrée ou galette des rois ;
  • réunions à faire en distanciel sauf exception ;
  • la circulaire fonction publique sur le télétravail trois jours par semaine s’applique au Ministère de l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports;
  • la FAQ va être mise à jour en conséquence, avec aussi des éléments sur les PFMP, les stages de 3ème, les internats, les sorties scolaires.

Ce sur quoi il n’y a pas de réponse

  • la fourniture ou le défraiement intégral de masques chirurgicaux et FFP2 pour les personnels (le Sgen-CFDT en fait systématiquement la demande depuis plusieurs mois) ;
  • les raisons d’un non changement du niveau du protocole malgré la dynamique épidémique et la tension voire la saturation hospitalière dans certaines régions ;
  • l’adaptation des attendus de fin d’année, y compris dans le cadre des examens (et donc dès mars) pour tenir compte de la discontinuité pédagogique liée aux absences non remplacées d’enseignant.e.s mais aussi aux absences d’élèves cas covid ou cas contacts.

L’intervention du Sgen-CFDT

La pandémie nous oblige à articuler plusieurs temporalités :

  • immédiat et court terme : la vague omicron qui enchaîne directement sur la vague delta, et il faut assurer les conditions de fonctionnement du système éducatif en améliorant la sécurité de toutes et tous. Cela suppose un renforcement des gestes barrières effectifs pour limiter encore risques de contagion dans contexte où la tension hospitalière progresse, on observe même déjà une saturation dans certaines régions. On ne peut non plus ignorer les risques accrus d’hospitalisation des plus jeunes observés aux USA, en Grande-Brentagne et dans une moindre mesure pour le moment en France ;
  • moyen et long terme : plutôt que de tabler uniquement sur un retour rapide à la “normale”, il faut se préparer à de nouvelles vagues possibles et réaliser les investissements qui seront utiles pour d’autres contextes de toutes façons, faciliter résilience du système pour tous ses acteurs.

Dans ce contexte, nous tenons à rappeler que l’employeur public est garant de la santé et de la sécurité au travail de ses agents et que, par conséquent, nous réclamons une meilleure protection…

Dans l’immédiat, meilleure protection des agents et des élèves = prévention combinée :

  • vaccination : il faut une incitation à procéder à la dose de rappel, incitation à la vaccination de toutes celles et ceux qui sont éligibles (limiter drastiquement risque de forme grave, diminuer la contagiosité), pour les agents, nous demandons créneaux réservés et des autorisations d’absence facilitées pour se faire vacciner, ainsi que la suspension du jour de carence pour les éventuels effets post vaccination ;
  • gestes barrières à renforcer pour tout le monde, et actualisation sur les personnels vulnérables : 
    • masques :  nous demandons des masques chirurgicaux et FFP2, l’absence d’évolution de la doctrine sur ce sujet est incompréhensible au regard des messages du ministère de la santé sur l’ajustement nasal, et les préconisations de davantage d’épidémiologistes, infectiologues et médecins avec omicron, surtout dans contexte d’exercice réel et en tenant compte des modalités de transport domicile-travail. Les personnels d’enseignement, d’éducation, celles et ceux qui exercent dans les écoles et EPLE ne sont pas éligibles au télétravail 3 jours par semaine et ne bénéficiant pas de contexte de travail dans lesquels on réduit la densité dans les salles de manière à permettre une distanciation physique. La fourniture de ces masques d’ici à la semaine prochaine est matériellement impossible, nous demandons le défraiement intégral des agents sur la base de 4 à 5 masques par jour travaillé en présentiel (temps d’exercice + temps de transport) ;
    • mise en œuvre effective des 3 journées mini de télétravail par semaine dans les services déconcentrés, mais aussi dans les EPLE pour les personnels dont les activités le permettent,  et pour les réunions ;
    • aération et qualité de l’air : il faut proroger l’aide aux collectivités locales sur l’équipement en capteurs de CO2, incitation et accompagnement plus proactif par les services de l’État localement pour changer de braquet, identifier les purificateurs d’air pertinent et là aussi incitation et accompagnement plus proactif par les services de l’État localement en incluant la question de la maintenance, décliner les préconisations du ministère de la FP sur la qualité de l’air et donc interruption de l’enseignement dans la salle de classe dès que > 1000 ppm, idem salles de cantine, salle des personnels, ce seuil de plus de 1000 ppm devant déclencher l’évacuation des locaux dans les protocoles du ministère du travail et du ministère de la fonction publique ;
    • ne pas répartir les enfants dans d’autres classes quand un collègue est absent non remplacé ;
  • tester pour assurer l’isolement des personnes positives symptomatiques ou non :
    • appliquer les mêmes règles de cas contact qu’en population générale pour les enfants comme pour les adultes, quel que soit leur statut vaccinal afin d’éviter que des personnes ne viennent en étant positives sans le savoir, cela reviendra de fait à intensifier et élargir les tests dans le premier comme dans le second degré ;
    • retour en classe après détection d’un cas positif : préférence pour deux tests PCR positifs (PCR car antigénique apparaît générer plus de faux négatif au variant Omicron) avec un intervalle entre les deux tests calé en fonction du délai d’incubation identifié par les autorités sanitaire et donc fermeture de la classe pendant cet intervalle et organiser le travail en conséquence : appui administratif et sanitaire, tout particulièrement dans le 1er degré ;
  • peu compréhensible de ne pas passer à un autre niveau du protocole élaboré cet été dans certaines régions quand on observe les taux d’incidence aux âges de celles et ceux qui fréquentent et travaillent dans les écoles, collèges et lycées, mais aussi la tension voire la saturation hospitalière dans certaines régions.

La discontinuité pédagogique va se poursuivre : enjeux majeurs

Par ailleurs, compte-tenu des taux d’incidence dans les tranches d’âge scolaire et actifs, il est à prévoir de nombreuses absences d’enseignant.e.s, AED, AESH ce qui va déstabiliser le fonctionnement des écoles collèges et lycées. Ce sera nécessairement source de discontinuité pédagogique car :

  • même si des recrutements sur LC et de contractuels sont opérés rapidement (pourquoi ne pas l’avoir fait plus tôt), nos collègues ne seront pas dans les classes du jour au lendemain,
  • rappel situation de certaines académies où des enseignant.e.s non remplacé.e.s depuis septembre donc on voit mal comment des recrutements maintenant suffiront à faire face aux besoins énormes qui s’annoncent,
  • hors de question de demander à des collègues positifs au covid (et donc en CMO) de faire l’enseignement à distance comme nous l’avons vu dans quelques circonscriptions.

Autre source de discontinuité pédagogique, déjà à l’œuvre depuis le début de l’année scolaire : les élèves sont malheureusement aussi touchés par le covid soit parce que positifs, soit parce que cas contact. Certains ont été positifs ou cas contacts plusieurs fois depuis le début de l’année, et quand le malade est à leur domicile, l’isolement est de 17 jours. On ne peut pas continuer à faire comme si cela n’existait pas et n’avait pas de conséquence sur la scolarité, la motivation… Nous demandons un aménagement des attendus en fin d’année, des attendus et de l’évaluation pour les examens à tous les niveaux et dans toutes les voies et filières. Il faut aussi s’assurer que cela ne pèsera pas sur leur orientation. N’attendons pas d’être au pied du mur pour le faire, ne laissons pas les personnels, les élèves seuls face à ces questions, il y a une dimension systémique que les acteurs locaux ne pourront résoudre seul.e.s. + questions sur les PFMP et stages de 3ème.

Reconnaître la charge de travail exceptionnelle mais qui dure

Alléger la charge de travail en priorisant le travail pour que les personnels tiennent (voir nos propositions formulées dans le cadre de notre alerte sociale, alerte porte par construction sur le 1er degré mais sur le fond nos propositions concernent tout autant le 2nd degré), pas de distanciel en plus de l’enseignement assuré en présentiel.

Reconnaître la charge exceptionnelle, par l’organisation du travail, par le discours et nous le demandons de la rémunération.

Temporalité de la mise à jour de la FAQ va mettre en tension les collègues.

A moyen terme

L’État doit être proactif et accompagnant pour que toutes les collectivités locales présentent et mettent en œuvre un plan d’investissement sur la qualité de l’air dans les établissements scolaires. Nous demandons que l’État se substitue aux collectivités qui seraient défaillantes, car c’est un enjeu de santé publique, de salubrité même et de maintien de l’effectivité du droit à l’éducation. Nous avons entendu ce que vous avez dit sur le volet équipement en capteurs de CO2, est-ce que cet accompagnement porte aussi sur l’aération effective des locaux ? lier mesure de la qualité de l’air et travaux à conduire.