Que penser des mesures pédagogiques et éducatives de la rentrée 2020 ?

Le Sgen-CFDT analyse les mesures pédagogiques et éducatives de la rentrée 2020 au regard des propositions formulées en juin dernier : le bilan est mitigé.

Rentrée 2020 : propositions du Sgen-CFDT et mesures du ministère

Le Sgen-CFDT proposait de mettre à disposition des enseignants des outils diagnostic adaptés.

Le ministère a en partie entendu le Sgen-CFDT en mettant à la disposition des outils de positionnement, sans cependant revenir sur les évaluations nationales standardisées dont le passage à partir du 14 septembre va être une charge supplémentaire pour les écoles et les établissements en début d’année.

Le Sgen-CFDT proposait d’investir dans l’accompagnement personnalisé et le tutorat.

L’ accompagnement personnalisé revient dans le discours institutionnel, ce qui est en soi positif. Pour autant le Sgen-CFDT ne peut se satisfaire de préconisations qui vont uniquement dans le sens d’un traitement de la difficulté scolaire en dehors du groupe-classe (jusqu’à 5 heures en 6ème), ce qui va à l’encontre des conclusions de la conférence de consensus du CNESCO sur la différenciation et la diversification pédagogique au cœur de la classe. Il sera de la responsabilité de l’institution de soutenir les équipes dans la définition de stratégies de différenciation et de pédagogies explicites et ambitieuses.

Le Sgen-CFDT proposait de poursuivre ce qui a été mené en terme de coéducation et d’alliances éducatives.

Le sujet n’est pas mis en avant dans les documents de rentrée, que ce soit dans la circulaire de rentrée (une seule mention, celle des cités éducatives) ou dans les documents d’accompagnement.

Le Sgen-CFDT proposait d’adapter et de faire évoluer les programmes.

Pas d’aménagement de programmes mais une série de priorités définies par niveau et par disciplines. Si ces fiches échappent à la logique du retard à rattraper développé dans le discours ministériel on retrouve au niveau primaire et collège l’insistance sur les fondamentaux alors que la logique du socle commun aurait été plus adaptée à la situation. Au niveau lycée le morcellement des contributions montre une nouvelle fois la limite d’une organisation des savoirs construite par empilement.

Le Sgen-CFDT proposait de faire de l’insertion professionnelle des jeunes une priorité.

Cet objectif n’apparaît pas suffisamment dans les textes de rentrée du ministère et c’est un manque majeur tant l’enjeu est crucial et va nécessiter une mobilisation interministérielle.
Le passage sur la lutte contre le décrochage scolaire dans la circulaire de rentrée nous semble trop allusif. Les différents acteurs de la lutte contre le décrochage ne sont pas identifiés, les moyens de leur coopération non plus. Cela nous semble très en retrait par rapport au courrier adressé par les ministres aux recteurs de régions académiques, préfets de région et commissaires à la lutte contre la pauvreté.

Il en est de même pour l’obligation de formation jusqu’à 18 ans, d’autant que la déclinaison réglementaire est toute récente.

Le Sgen-CFDT proposait de faire vraiment confiance aux actrices et acteurs de la première ligne éducative.

Cette confiance est affichée dès l’introduction de la circulaire de rentrée, ce qui revient à prendre acte de ce qui s’est passé pendant le confinement. Mais malheureusement la suite de la circulaire ne va pas dans ce sens en empilant des priorités au risque de brouiller le discours…

Le Sgen-CFDT proposait d’abonder les marges horaires dans le 2nd degré, de favoriser la présence de maîtres surnuméraires dans le 1er degré.

L’utilisation des 1,5 million d’heures sup non affectées pour l’accompagnement dans le 2nd degré aurait pu ouvrir des marges d’initiative aux équipes pour monter des dispositifs répondant aux besoins des élèves et ne pas se limiter au dispositif « Devoirs faits ». Mais le Sgen-CFDT déplore que l’information soit arrivée très tardivement dans les établissements, ce qui va compliquer le travail à mener.

Dans le 1er degré, une partie des créations de postes supplémentaires datait d’avant la crise sanitaire mais il y a bien eu un abondement de 1 248 postes courant avril. Ces 1248 se répartissent en 625 postes aux CRPE, restent donc 623 postes budgétaires à pourvoir sans doute par des contractuel.le.s.

Le Sgen-CFDT proposait de s’appuyer sur des référentiels déjà existants, notamment le référentiel éducation prioritaire.
Cette proposition n’a pas été prise en compte, et on ne peut que constater que le ministère continue à ne pas s’appuyer sur ce qui a été fait avant lui…
Le Sgen-CFDT proposait une adaptation ambitieuse des services sociaux à la situation de crise sociale.

C’est à la demande du Sgen-CFDT que les personnels médicaux et sociaux apparaissent dans la circulaire de rentrée. Autre point positif, la revalorisation de l’allocation de rentrée scolaire.

Concernant les conséquences économiques et sociales de la crise, il serait opportun que soit précisé (pour autant que cela soit prévu par le gouvernement dans les LFR et dans le PLF 2021, ce que nous demandons) que les fonds sociaux soient à nouveau alimentés et que les établissements puissent faire des demandes d’attributions complémentaires (voir notre courrier commun avec la confédération CFDT et ATD-QM de l’automne dernier) et que les budgets pour les bourses pourront s’adapter aux situations économiques.