Congrès de Dijon

Hier notre militante et candidate au conseil fédéral est intervenue sur une modification statutaire lors du congrès de Dijon

Voici la proposition de modification

modifs stautaires proposées par syndicats avis CF 

Il s’agit de l’article 18

Voici l’intervention de notre militante:

Bonjour à toutes et à tous,

 

La proposition de modifier l’article 18 des statuts a occasionné au Sgen-CFDT Picardie un houleux débat, mais nous avons fini par trancher de manière assez claire contre cette proposition.

Pour résumer les échanges que nous avons eus en CS, nous étions tous d’accord sur le constat : les femmes ont toujours été sous-représentées dans les fonctions importantes au sein de la société, et c’est malheureusement le cas aussi au Sgen, et ce malgré l’affirmation claire – au Sgen – d’une volonté d’encourager les femmes à accéder à des fonctions importantes. C’est d’autant plus marquant que les personnels que nous représentons comptent une large majorité de femmes : environ 70 %. Sur le constat donc, pas de débat.

Concernant les moyens à mettre en œuvre en revanche, nous étions divisés, certains pensant que la parité ou des quotas imposés de femmes plus importants encore – de 50 à 70 % en l’occurrence – sont a l’heure actuelle une sorte de mal nécessaire pour nous obliger à plus de représentativité des genres dans nos instances, à plus de mixité.

D’autres au contraire étaient plutôt d’avis que cette sous-représentation des femmes est avant tout un problème de société qui se répercute au sein du Sgen-CFDT et que c’est en amont qu’il faut agir, c’est à dire dans la société d’abord, puis auprès de nos adhérent.e.s, et de nos militant.e.s au sein de nos syndicats respectifs, au moment de proposer des responsabilités et de désigner des candidates ou candidats, mais pas au moment de voter. C’est ce 2e point de vue qui l’a emporté.

Ont alors notamment été mis en avant les arguments suivants :

  1. Que je sois homme ou femme, je ne serai pas forcément mieux représenté syndicalement par une personne du même sexe, mais plutôt par une personne qui a les mêmes idées ou la même sensibilité que moi.
  2. Si je suis une femme – ce qui est mon cas – il est particulièrement dévalorisant d’être considérée comme un quota. S’entendre dire qu’on a été élue parce qu’il fallait des femmes, c’est quelque-chose qui est difficile à accepter, et c’est un effet pervers des quotas que d’être déconsidérée dans sa fonction.

Le refus du principe des quotas a donc été acté par notre syndicat, même si nous avons bien conscience qu’il est déjà présent dans les statuts actuels de la fédération. Nous pensons que le Sgen-CFDT est capable d’évoluer sans s’imposer de quotas. Pour nous, l’évolution souhaitée doit se faire par la base, et non pas être artificiellement forcée au sommet. Cette évolution doit se faire en trouvant les moyens d’encourager les talents féminins vers les plus hautes fonctions, notamment en leur créant des conditions propices à un engagement croissant.

Mais au-delà du simple principe de quotas, nous avons surtout trouvé que les proportions proposées posent problème.

Nous comprenons bien la volonté, derrière cet proposition, d’aller au-delà de la parité, vers une meilleure représentativité que la situation actuelle : Entre 50 et 70 % de femmes, entre 30 et 50 % d’hommes. En tenant compte du pourcentage de femmes dans nos métiers de l’éducation, c’est en effet mieux – plus représentatif – que la parité parfaite.

Mais lançons nous dans quelques projections, et vous allez comprendre ce qui nous a posé problème ;

J’ai regardé les fiches des candidat.e.s au CF pour ce congrès 2021 : 32 candidats, 18 femmes, 15 hommes. Si toutes les femmes sont élues, nous aurons 60 % de femmes et 40 % d’hommes. Si tous les hommes sont élus, nous serons à 50/50. On peut donc dire qu’en 2021 on arrivera au moins à la parité, et qu’on peut même approcher la représentativité, même si elle ne sera pas parfaite… Sans quotas !

Projetons nous maintenant au prochain congrès, dans 3 ans. Imaginons alors que 4 femmes de plus se présentent ; c’est envisageable si nous faisons bien notre travail de mise en valeur des talents féminins au sein de nos syndicats : ça ferait donc 22 femmes. Et bien avec les statuts modifiés, elles ne pourraient pas toutes être élues. Car elles seraient alors 73 % alors que le maximum autorisé serait 70 % puisqu’il faudrait au minimum 30 % d’hommes. Et pourquoi pas ? Pourquoi les femmes ne pourraient-elles pas être parfois légèrement surreprésentées alors que les hommes l’ont été très largement pendant des décennies ? Ce serait tout de même dommage qu’une évolution statutaire censée favoriser l’accès des femmes au conseil fédéral les limite à l’avenir dans cet accès.

Pour conclure, nous pensons donc que cette modification partait d’une bonne intention, mais nous sommes contre pour 2 raisons :

– nous sommes par principe contre les quotas

et

– même en admettant le principe des quotas – 2e raison – nous sommes contre les pourcentages proposés.

C’est pourquoi le Sgen-CFDT Picardie appelle à rejeter cette modification statutaire, ainsi que toutes celles qui s’y apparentent dans les articles suivants.