Connaissez vous les CLA, les contrats locaux d'accompagnement ? Parce qu'on va en reparler, et pas forcément en bien.
Ce dispositif, expérimenté dans les académies de Lille, Marseille, Nantes depuis la rentrée 2021, est destiné à remplacer les REP. Il serait plus progressif dans l’attribution de moyens, au lieu d’une différence très nette entre les paliers REP +, REP et pas-REP, et plus divers dans ses critères d’attribution ; donc une adaptation plus fine des moyens à la difficulté de tel ou tel secteur.
Des critères plus variés que pour les REP, et des contrats
Pour une adaptation plus fine des moyens, les critères sont plus variés que pour les REP :
- caractéristiques et typologie de l’établissement ;
- population scolaire : résultats, orientation post 3e, etc. ;
- typologie de la commune : indice d’éloignement en ruralité, part des élèves en quartier « politique de la ville », réseau, attractivité, etc. ;
- profil des enseignants : ancienneté dans le poste, nombre de postes partagés, ect.
Les critères relèvent encore de l’expérimentation dans chaque académie concernée. Les moyens sont attribués en fonction d’un contrat. Dans ceux qui ont été établis, au niveau d’une école ou d’un établissement, on trouve des objectifs sur les apprentissages proprement dits, le climat scolaire, les pratiques enseignantes, la continuité du parcours scolaire ou encore les partenariats éducatifs.
Des éléments positifs
On a observé des éléments positifs pour les établissements concernés :
- La reconnaissance (accès à la classe exceptionnelle, points) et l’indemnisation de missions ou projets existants, en incluant des personnels non-enseignants (AED, AESH).
- La reconnaissance de certains temps de formation.
- Une marge de manœuvre financière (achats matériels, fonds sociaux) susceptibles d’aider certaines familles les plus en difficulté.
- Une marge de manœuvres sur des dispositifs spécifiques, tels « devoirs faits »
- Dans le premier degré, quelques moyens humains, sur des demi ou tiers d’équivalent temps plein : une amorce pour reconstruire le « plus de maîtres que de classes » détricoté par Blanquer.
On peut ajouter que les CLA constitueraient, a priori, un moyen pour prendre en compte des écoles et des établissements (notamment des LP) dans « l’angle mort » de l’éducation prioritaire.
Mais le virus du faire-semblant a encore frappé
Malheureusement, l’expérimentation est atteinte du mal endémique de l’éducation nationale : une extension au bout d’une seule année, avant que l’on puisse réellement évaluer le résultat. Fidèle à la conception du « dialogue social » de Blanquer, la secrétaire d’État à l’éducation prioritaire, Nathalie Elimas, a annoncé, par Twitter (le 5 mars, juste avant de quitter sa fonction suite à des accusations de harcèlement moral) que « l’expérimentation » sera étendue à 12 autres académies.
Celle d’Amiens n’en fait pas partie, mais il reste intéressant de surveiller cela, car il semble que, quel que soit le résultat de l’expérience, le ministère compte bien remplacer les REP par les CLA.
L’avis du Sgen-CFDT
Le projet de CLA ne constitue pas une mauvaise idée a priori, mais il inquiète par la manière qu’a le ministère de le conduire :
- L’hypocrite généralisation sans savoir si ça fonctionne (inutile, le ministère sait ce qui est bien, n’est-ce pas) ; certaines écoles n’ont même pas encore reçues leurs moyens du CLA. Il faudrait prendre au moins un temps d’expérimentation de trois ans pour que ce soit sérieux.
- L’opacité de certains critères et du classement établi.
- Des moyens globaux qui n’équivaudront pas forcément ceux des REP.
- Des moyens qui envisagent trop peu les heures postes et les décharges, alors que les collègues attendent surtout un allègement de la charge de travail.
- La notion de « contrat » qui interroge : qu’est-ce qui est contractualisé ? quelle réponse réelle aux besoins? Sur quelle durée? quelle évaluation ? Sans ces précisions, on peut craindre que ce soit un moyen de pression sur les équipes pédagogiques, ou une machine à arbitraire. Et un système moins pertinent que les REP.
Il n’y a pas de quoi être confiant. Mais avec le ministère actuel, nous avons l’habitude…