Nos déclarations préalables en comité technique académique sont l'occasion d'exprimer nos inquiétudes quant aux conditions de travail de nos collègues à tous niveaux (du 1er degré au supérieur). Voici celle du 26 janvier :
Carte Scolaire
Ce CTA examine la répartition des moyens humains de l’académie pour la rentrée scolaire 2018, la première du quinquennat Macron. Ces moyens sont pour la première fois depuis 5 ans en baisse dans le 2nd degré : – 91 ETP, alors que la démographie en lycée continue à être en hausse. Par ailleurs cette rentrée scolaire en lycée s’annonce très incertaine, puisque le ministre a annoncé une réforme pour la rentrée prochaine, dont les contours ne seront pas connus malgré la remise du rapport Mathiot avant les arbitrages du ministre (annoncés mi février). La phase de « dialogue social » avec les organisations syndicales sera donc très courte, pour ne pas dire ridicule, et conforme à la désormais rituelle « méthode» du ministre de l’Education nationale depuis 6 mois. Cette incertitude sur l’architecture de la classe de 2nde percute cette préparation de rentrée, rend les choses particulièrement illisibles et ne peut que renforcer le sentiment de désarroi voire de colère des collègues de lycée : ce « ministre de la confiance » ne respecte décidément ni l’investissement des personnels ni leur métier.
Contrairement à d’autres, nous avions soutenu les principes de la politique éducative précédente dont l’objectif était de réduire les inégalités du système éducatif français essentiellement déterminées par l’origine sociale et économique des élèves. Par ailleurs nous reconnaissions aussi les efforts budgétaires consentis. Mais la mise en œuvre de la Refondation n’a pas produit d’effets suffisamment significatifs pour convaincre notamment une partie de l’opinion, qui, à cause d’annonces médiatiques polémiques a renforcé sa défiance envers l’école.
Retour en arrière
Surfant sur cette défiance, et une certaine nostalgie d’une école mythifiée, le nouveau ministre s’est engouffré dans la posture du retour « au bon sens », à « l’ordre » et à « l’autorité du maître ».
retour « au bon sens », à « l’ordre » et à « l’autorité du maître »
En quelques mois il a porté un coup d’arrêt à l’esprit de cette Refondation en détricotant les mesures emblématiques, et dont la justification se fait en instrumentalisant une partie des études scientifiques souvent nuancées qui sont produites sur
ces sujets : retour à la semaine à 4 jours, retour des options en collège, retour du redoublement comme solution a
ux difficultés scolaires, abandon de l’idée des cycles des apprentissages et de la suffisante validation des compétences du socle commun pour le brevet des collèges (au profit du rétablissement d’épreuves terminales « musclées », dont le seul objectif semble être de diminuer le taux de réussite dudit brevet. Soit, mais si seule une pa
rtie des collégiens pourra l’obtenir, quel sera donc le sort de ceux qui ne l’obtiennent pas ? Un passage en 2nde professionnelle ou une proposition d’une formation en apprentissage, recette « miracle brandie pour lutter contre l’échec scolaire ? Une remédiation pour acquérir les compétences insuffisamment maîtrisées ? Rien, sauf le déshonneur précoce de l’échec à un premier examen ?
Abandon des classes sociales défavorisées
Ainsi, nos inquiétudes se sont-elles confirmées quant à un changement de cap dans la philosophie générale de la politique publique du ministère : le choix de caler les moyens humains dans le 2nd degré uniquement sur la démographie sans « compenser » les académies qui cumulent le plus d’indicateurs négatifs (taux de réussite des élèves aux examens, taux de familles en CSP défavorisées, taux de chômage…) ne peut que s’interpréter par une volonté de nier la réalité du terrain, et de faire comme si tout élève quelque soit son environnement socio-économique et géographique était équivalent. C’est en effet une certaine conception de « l’égalité républicaine ». Ce n’est pas la nôtre !
C’est en effet une certaine conception de « l’égalité républicaine ». Ce n’est pas la nôtre !
une réelle égalité ?
Mais le ministre considère qu’elle doit être largement répandue dans la partie de la population dont les enfants réussissent bien à l’Ecole. Et puisque les familles des autres élèves ne se manifestent pas bruyamment dans les médias, leurs intérêts semblent oubliés voire niés : certes les moyens augmentent dans le premier degré et ils seront fléchés sur les dédoublements de CP en REP/REP+, pour permettre à chaque élève de savoir lire (écrire et compter) à la fin du CP. Apparemment, cette mesure constitue l’alpha et l’omega de la politique ministérielle de recherche de plus « d’équité » sociale et repose sur cette idée que le dispositif met tous les enfants à égalité sur la ligne de départ de la course au mérite : L‘Ecole méritocratique républicaine n’a plus ensuite qu’à trier, sélectionner et élever au meilleur niveau les quelques uns qui seront capables de faire la course en tête. Or, non seulement, cette mesure oublie que de nombreux enfants des milieux populaires ne sont pas scolarisés en REP/REP+ (alors qu’ils méritent aussi un accompagnement éducatif renforcé), mais en plus cette mesure va laisser, n’en doutons pas, de nombreux élèves sur le côté, renvoyés à leur seule responsabilité pour expliquer leur réussite ou leur échec.
Quid des rythmes de l’enfant, quid des rythmes des apprentissages ? Quid des profils diversifiés et des méthodes adaptées ? La politique qui semble se dessiner tente d’uniformiser les pratiques professionnelles (méthodes de lecture, manuels scolaires…), désignant les enseignants comme de simples exécutants et les élèves comme de fortes têtes à discipliner, contraindre, formater (et tout d’abord, ôtons-leur ce portable que nous ne saurions voir en classe…).
La sacro-sainte autorité
Le Sgen-CFDT dénonce par-dessus tout cette vision négative de la jeunesse, et le renoncement à mettre la bienveillance au cœur du système : la bienveillance n’est pas le laxisme et le laisser faire, mais le principe qui guide tout éducateur et lui donne foi en l’éducabilité de chaque enfant, en lui imposant de mettre ses pratiques au service de chaque élève. Elle s’accompagne nécessairement d’une très forte exigence envers les objectifs et les résultats obtenus et envers ses choix pédagogiques. Le retour de l’autorité du maitre n’est pas synonyme d’une meilleure efficacité du système éducatif, contrairement à ce que voudrait laisser croire le ministre qui s’appuie sur les 70 millions d’experts en éducation que compte la population française.
Le Sgen-CFDT dénonce par-dessus tout cette vision négative de la jeunesse
politique inconséquente
Ainsi bien que la consultation de ce CTA porte sur la répartition des moyens alloués par l’Etat et non sur l’enveloppe elle-même, et même si nous sommes bien conscients que les services du rectorat ont fait au mieux pour la répartir sur le territoire picard (et notamment pour maintenir les moyens en lycée), nous ne pourrons que voter Contre pour marquer notre profond désaccord avec cette politique ministérielle inconséquente.
La carte scolaire et ses conséquences sur le site du Sgen-CFDT Picardie
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