Intervention des personnels de direction du Sgen-CFDT pendant la visioconférence de la ministre lundi 29 janvier 2024.
Madame la ministre,
Madame la directrice de cabinet,
Monsieur le directeur général de l’enseignement scolaire,
Monsieur le directeur de l’encadrement,
Chers collègues personnels de direction,
Je vous remercie madame la ministre de nous donner la parole aujourd’hui après votre discours de politique générale prononcé en Sorbonne et après nous avoir reçu hier dans votre cabinet en bilatérale.
Je vais vous réitérer ici Madame la ministre, les propos que notre organisation syndicale a tenu à votre prédécesseur et vous tient également depuis votre arrivée. Ce que nous allons dire ici nous vous l’avons dit hier soir, l’écrivons aussi souvent que nous le pouvons et l’exprimons également aussi souvent que nous le pouvons dans l’ensemble des audiences auxquelles nous participons au titre de notre syndicat général.
Réformer… oui mais pas sans les personnels
On ne réforme pas au sein d’une institution comme la nôtre sans les acteurs, sans les experts qui font le travail au quotidien.
Vous parlez Madame la ministre de choc des savoirs mais dans les établissements et en particulier dans les collèges ou dans les lycées professionnels ce sont les professionnels qui sont sous le choc avec des annonces et des chantiers qui s’ouvrent sans concertation et qui font fi des expertises du terrain, des projets mis en place il y a moins d’un an par vos prédécesseurs et surtout des apports de la science en matière de pédagogie.
Non à un projet d’une école qui trie et stigmatise les élèves
Je serai brève mais le projet d’école qui nous est livré va à l’encontre des valeurs que porte notre organisation syndicale. Je choisirais parmi les 10 propositions, 2 de celles sur vous avez présenté ce matin.
La plus emblématique et celle sur laquelle vous êtes restée un très long moment est sans conteste celle des groupes de niveaux au collège auxquelles nous nous sommes immédiatement opposé car cela concerne 35 % du temps passé au collège et revient de fait à enfermer les élèves dans des groupes homogène dont ils ne pourront sortir.
L’hétérogénéité est le ciment de toute pédagogie et c’est pour cette raison qu’elle est inscrite dans le code de l’éducation.
Les évolutions de l’école inclusive dont vous avez évoqué l’acte 2 en est la meilleure illustration mais avec de tels projets où irons les élèves à besoins particuliers, dans quel groupe seront-ils assignés à résidence ?
Ces groupes viennent fracasser les ingénieries pédagogiques, reflets de nos projets d’établissements, et jeter à la poubelle des années d’efforts pour créer du commun, des cohésions fortes dans nos équipes et nos communautés scolaires.
L’autre mesure dont vous avez fait mention et qui va à l’encontre de la persévérance scolaire est la classe préparatoire à la seconde pour les élèves qui n’auraient pas le brevet.
Ces classes sont annoncées mais sans réalité de mise en œuvre et signent là encore une forme de ségrégation scolaire alors que nous savons accompagner un jeune dans son parcours, le renforcer, lui permettre de dépasser ses difficultés et réussir au lycée quelque soit la voie choisie.
Retrouver la boussole pour un autre projet
Le 1er février, la mobilisation s’annonce importante et bon nombre de chefs d’établissement seront grévistes et cela doit vous interpeller car c’est assez inédit pour notre profession.
C’est l’expression du profond malaise d’une profession déjà malmenée, à qui on demande maintenant de porter un discours qui contredit ses valeurs et son attachement au service public d’éducation.
Notre organisation syndicale à signé une tribune intitulée « Grenelle alternatif » car d’autres chemins pédagogiques Madame la ministre sont possibles.
Un de nos collègues à cité Dürkheim, dans la tribune cosignée par le Sgen-CFDT ce sont également bon nombre de pédagogues, de chercheurs, de partenaires de l’école qui sont eux bien ancrés dans le réel et connaissent notre système éducatif et sa nécessaire évolution ici et maintenant et qui montrent d’autres réalités et ingénieries pédagogiques pour faire progresser les élèves et l’ensemble des acteurs du système.
Les personnels de direction sont, nous vous le disions hier soir encore, les dernières digues qui permettent que l’institution ne prennent pas l’eau et c’est à ce titre qu’ils doivent être entendu.
Ce sont eux qui mettent en place des politiques publiques qui n’ont de cesse de bouger. Mais leur pouvoir de persuasion ne suffira pas Madame la ministre a assurer une rentrée réussie.
Vous n’avez consacré qu’une minute au lycée professionnel alors que c’est une vraie réforme d’ampleur qui est loin d’être connue de l’ensemble des personnels à cette heure et qui doit être mise en œuvre pour la rentrée prochaine.
Il est grand temps d’écouter et de soutenir les acteurs qui font l’école, de retrouver la boussole qui nous permet d’avancer sereinement et ensemble dans la même direction pour faire progresser nos élèves et permettre aux personnels de direction, d’exercer leur rôle de premier pilote pédagogique.
Et c’est bien sur ce fond pédagogique que nous souhaiterons travailler avec vos services et sur nos conditions de travail qui en découlent, bien au-delà des revalorisations salariales et des annonces de ce jour que nous suivrons avec attention.
Je vous remercie au nom de notre organisation syndicale de votre attention.