Éduquer et former les enfants et les jeunes en période pandémique : les pouvoirs publics toujours loin du compte

Les personnels, les élèves, les parents d’élèves et les étudiant.e.s sont mal menés par la gestion de la situation sanitaire. De l’école à l’université, les pouvoirs publics se contentent d’une gestion de crise à chaque vague, faisant comme si tout était « normal » entre deux vagues.

La pandémie de Covid s’inscrit dans la durée, c’est un fait qu’il faut prendre en compte. Les progrès scientifiques en termes de connaissances, de vaccination et bientôt de traitement changent l’impact du Covid sur nos vies mais la pandémie imprime encore sa marque, potentiellement au-delà de 2022. Le Sgen-CFDT l’affirme depuis longtemps et porte des revendications : protection et suivi sanitaire des personnels, des élèves et étudiant.e.s mais aussi adaptations organisationnelles et pédagogiques pour faire diminuer la pression qui pèse sur tout le monde.

La pandémie de Covid s’inscrit dans la durée mais les réponses adaptées, soutenables pour les agents et de nature à garantir la continuité du service public d’éducation ne sont toujours pas là.

Pourtant, dans le système d’éducation et de formation nous restons à la fois, dans une réaction aux vagues de contamination, sans les décisions et investissements indispensables à une réelle prévention combinée et à une adaptation aux conséquences de la pandémie. Les réponses adaptées à la pandémie, soutenables pour les agents et de nature à garantir la continuité du service public d’éducation ne sont toujours pas là.

Des agents qui assurent la continuité du service public d’éducation mais sont mal protégés

Depuis de nombreux mois, les personnels de l’Éducation nationale et de l’enseignement supérieur assurent l’ouverture des écoles, collèges, lycées et université à l’enseignement en présentiel, avec la conviction que la pandémie ne doit pas suspendre le droit fondamental à l’éducation. Les écoles, collèges, lycées et universités ouverts, c’est d’abord aux personnels de l’Éducation nationale et de l’enseignement supérieur que nous le devons. Les agents assurent au quotidien cette mission essentielle dans une tension qui n’est pas soutenable, avec une protection insuffisante de leur santé et leur employeur les laisse sans réponse, prenant même des décisions qui aggravent les tensions malgré les nombreuses alertes faites par le Sgen-CFDT.

Une tension insoutenable pour les agents, une protection insuffisante de leur santé, des décisions qui aggravent les tensions…

Les dotations en masques (uniquement en tissus) et en autotests pour les personnels ne sont pas adaptées aux besoins, dans plusieurs endroits. Tant que les agents ne réclament pas le renouvellement de leurs masques, ils ne leur sont plus distribués. Le nombre de masques distribués ne couvre pas même une semaine de travail et de déplacements domicile travail. Parfois c’est à elles et eux d’aller les chercher car ils ne sont pas distribués jusque sur leur lieu de travail. Ailleurs, depuis le début de la pandémie, on demande à des agents dont ce n’est pas la mission d’assurer la logistique en accroissant leur charge de travail.

Depuis plus d’un an maintenant, le Sgen-CFDT demande que soient fournis des masques chirurgicaux, FFP2 ou inclusifs selon les réalités de travail et de déplacement entre le domicile et le travail, ou qu’à défaut les agents soient indemnisés pour leurs dépenses en équipements de protection. Il est temps que les ministères prennent enfin en compte les besoins de leurs personnels.

Le suivi de la situation sanitaire aboutit à une charge de travail insoutenablePandémie : Protection des agents et des élèves, les pouvoirs publics toujours loin du compte

Les directrices et directeurs d’école, depuis plusieurs mois et plus encore depuis les décisions prise par le ministre de l’Éducation nationale le 25 novembre 2021, font face à une charge de travail insoutenable. Suivre 7 jours sur 7, de tôt le matin à tard le soir les informations qui proviennent de plusieurs sources sur les cas confirmés et les cas contacts, traiter ces informations, les diffuser à celles et ceux qui sont concernés…. directrices et directeurs d’écoles le font sans reconnaissance, sans renfort, au risque de l’épuisement. D’autant plus, lorsqu’ils et elles ne sont pas déchargés de classe, c’est le dilemme ou l’injonction contradictoire : faire classe ou gérer la situation sanitaire ?

Les personnels sont épuisés…

Dans le second degré la charge pour les personnels de direction, les personnels de santé scolaire et les assistant.e.s de service sociale est forte. Une fois de plus, le suivi de la situation sanitaire liée au Covid et ses conséquences sociales et économiques s’ajoute aux missions habituelles.

Le Sgen-CFDT avait demandé, en vain, la création d’emplois pour mieux faire face à la situation. Les personnels sont épuisés et mesurent l’ampleur de la tâche.

Quand la transmission par aérosols sera-t-elle enfin prise au sérieux ?

Depuis plus de 18 mois, le Sgen-CFDT demande que la transmission par aérosols du virus soit prise au sérieux. Nous avons écrit aux ministres de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, et de la Cohésion des territoires à ce sujet à plusieurs reprises. Nous demandions que le Plan de relance soit mobilisé de manière efficace pour assurer la rénovation des fenêtres, l’installation de système de ventilation et filtration de l’air adapté aux situations réelles. La transmission par aérosols oblige à accorder une attention toute particulière à la qualité de l’air (attention qui serait utile en permanence en réalité).

La transmission par aérosols oblige à accorder une attention toute particulière à la qualité de l’air…

Il a fallu plus d’un an pour que les ministres reconnaissent l’intérêt d’installer des capteurs de CO2 afin de renseigner sur la fréquence et la durée d’aération des lieux clos pour limiter les risques de contamination. Cependant, de trop nombreux agents constatent qu’ils doivent toujours assurer leur enseignement dans des lieux clos mal ventilés et difficiles à aérer, à prendre leurs repas, à encadrer les repas des élèves et étudiant.e.s dans des lieux clos mal ventilés et difficiles à aérer.

Le Sgen-CFDT demande que le soutien au collectivités locales pour l’équipement en capteurs de CO2 se prolonge autant que nécessaire au-delà du 31 décembre 2021. Nous demandons aussi que l’État se substitue en urgence et exceptionnellement aux collectivités qui ne programment pas et ne réalisent pas les travaux nécessaires à l’amélioration de la qualité de l’air.

La discontinuité pédagogique subie par tout le monde

L’ensemble des enseignantes et enseignants sont mis en tension : le risque d’une fermeture de classe, d’absence d’une partie des élèves, d’être absent.e et non remplacé.e est source de travail et de charge mentale. Avec la forte augmentation du nombre de cas de Covid, ne pas fermer une classe dans laquelle il y a des cas confirmés et contacts soumis à une mesure d’isolement ne sert pas la continuité pédagogique. Pour le Sgen- CFDT, il est hors de question que les enseignantes et enseignants assurent à la fois l’enseignement en classe et l’enseignement à distance.

Parce qu’un élève ou étudiant.e peut être cas confirmé et cas contact plusieurs fois dans l’année quel que soit le lieu de contamination, parce que son ou ses enseignant.e.s sont absent.e.s non remplacé.e.s que ce soit en lien ou non avec l’épidémie, cette année scolaire et universitaire n’est toujours pas normale. Le Sgen-CFDT soulève depuis plusieurs mois cette question sans aucune réponse. Nous affirmons qu’il est nécessaire d’adapter les programmes d’enseignement, d’adapter les attendus, d’adapter les évaluations y compris dans la perspective des examens.

Prioriser l’activité des agents pour sortir d’une situation qui aggrave les risques psychosociaux

Cette situation de surcharge de travail et de surcharge mentale dure. Dans ce contexte, la volonté des ministres de déployer de nouvelles réformes et de nouveaux dispositifs n’est pas responsable.

Le Sgen-CFDT demande la suspension de la mise en œuvre de nouvelles réformes (réforme de la formation des maîtres dans les INSPE, trouve ton master) ou de déploiement de dispositifs en cours (service national universel et évaluation des écoles et établissements scolaires). La priorité doit être d’assurer mieux le service public d’éducation et de formation alors que la pandémie dure.

Pour le Sgen-CFDT, la pandémie ne doit pas suspendre le droit à l’éducation. Pour atteindre cet objectif, cela suppose des investissements, des dépenses afin de protéger davantage les personnels, les élèves et étudiant.e.s du virus. Cela suppose aussi d’accepter d’adapter les organisations pédagogiques à la situation. Retrouvez la motion adoptée par le conseil fédéral du Sgen-CFDT le 5 décembre 2021 à ce sujet.