La deuxième vague de Covid19 et le service public d’éducation et d’enseignement supérieur

Alors que le président de la République doit annoncer des mesures nouvelles pour ralentir la circulation du virus et préserver le système hospitalier le Sgen-CFDT s’est adressé aux ministères de l’Education nationale et de l’enseignement supérieur.

La deuxième vague de Covid19 et le service public d’éducation et d’enseignement supérieurLa pandémie causée par le virus Sars-Cov2 n’est pas derrière nous. Nous le savions et les données épidémiologiques des derniers jours montrent que les mesures prises jusqu’à présent et l’adoption par la population des gestes barrières n’ont pas suffi à empêcher un emballement qui imposera de nouvelles mesures.

Il serait plus clair d’affirmer qu’il ne s’agit pas d’arrêter le virus, mais bien de ralentir sa circulation, d’éviter plus encore qu’il ne touche les personnes les plus à risque de développer les formes graves de la maladie, d’éviter que les hôpitaux ne puissent plus assurer les soins aux malades du Covid19 et aux autres malades pour lesquels les soins ne peuvent être reportés. Si certain.e.s peuvent trouver la communication gouvernementale trop floue à ce sujet, c’est bien de cela qu’il s’agit, aujourd’hui comme en mars dernier, c’est bien ce qu’expliquent médecins et épidémiologistes.

Les défis sont majeurs…

Dans ce cadre, syndicalement, les défis sont majeurs : comment éviter que le ralentissement brutal de l’économie ne confronte de nouveau tant de personnes au chômage, à des pertes de revenus menant à des situations de pauvreté ? De ce point de vue, si nous ne revenions pas à un confinement du type de celui que nous avons connu de mars à mai, il est probable que nous ayons le sentiment d’une vie collective qui se limite au travail, aux temps où nous sommes les un.e.s et les autres masqué.e.s. Ce n’est pas le plus épanouissant, c’est certain. Pour autant, c’est sans doute nécessaire pour éviter à la fois l’aggravation de la situation sanitaire globale, et la dégradation de la situation économique et sociale. C’est sans doute nécessaire pour retrouver ensuite, progressivement tant que le virus continuera à circuler, une vie sociale plus riche.

Proposer pour sortir de l’urgence dans l’éducation et l’enseignement supérieur

Pour le Sgen-CFDT, le suivi de l’impact de l’épidémie sur le travail des agents de l’Éducation nationale, de l’enseignement agricole public, de l’enseignement supérieur et de la recherche, de la jeunesse et des sports est une préoccupation de tous les jours.

Au fil des mois depuis février 2020, nous avons adressé des questions, des propositions aux ministères. Jusqu’à présent, cela n’a hélas pas permis de sortir de ce qui ressemble encore trop à la gestion en urgence, à la gestion de l’urgence. Nous sommes encore loin de ce qui est souhaitable. Il faudrait parvenir à la gestion d’une situation sanitaire au long cours. Cela suppose sans doute du stop and go pour s’adapter à la dynamique épidémique mais cela doit permettre davantage d’anticipation.

Donner aux acteurs de la visibilité sur ce qu’ils ont à faire…

Les mesures et scenarii ainsi que leurs modalités d’activation doivent être construits dans le cadre du dialogue social afin de donner aux acteurs de la visibilité sur ce qu’ils ont à faire. Cela suppose de revoir enfin le circuit de l’information. Le communication médiatique ne remplace pas l’information officielle aux agents. Cela suppose aussi de s’obliger à préparer les réouvertures d’établissements dès que certains sont fermés. Cela suppose enfin de reconnaître que chaque évolution des modalités d’accueil des élèves et étudiant.e.s requiert du travail collectif pour les agents afin de bien préparer ces changements, de bien accompagner les élèves et étudiant.e.s dans ces changements.

 

Une fermeture complète des établissements d’enseignement, de formation serait problématique

Pour le Sgen-CFDT, le retour à une fermeture complète des établissements d’enseignement, de formation serait problématique. Nous ne savons que trop la difficulté de beaucoup d’enfants, d’adolescent.e.s, de jeunes à poursuivre le travail dans le cadre de l’enseignement à distance à 100%. Or nous devons continuer à former la jeunesse, lui permettre de s’émanciper, de construire son avenir. Pour autant, l’ouverture dans le cadre que nous avons connu depuis septembre n’est pas non plus une solution dont nous pouvons nous satisfaire.

 

Déployer le télétravail et les horaires aménagés : L’État a du mal à faire

Pour le Sgen-CFDT, les ministères concernés n’ont toujours pas réussi à déployer le télétravail ou des horaires aménagés pour tous les agents pour lesquels c’est possible. De ce point de vue, l’État ne parvient pas à prendre sa part dans les réorganisations nécessaires pour protéger ses agents et contribuer à ralentir la circulation du virus. Nous ne cessons de demander que ces mesures soient effectives aussi pour les agents publics.

Organiser l’enseignement au temps du Covid

Pour que l’État employeur prenne sa part au ralentissement de la circulation du virus, et pour assurer autant que faire se peut l’éducation et la formation des jeunes dans un cadre collectif le plus égalitaire possible, le Sgen-CFDT a des propositions et des demandes.

A tous niveaux de formation, l’épidémie bouscule le déroulement des cursus. Ne pas en tenir compte pour définir les attendus de fin d’année scolaire et universitaire c’est mettre en tension les personnels, les élèves et étudiant.e.s et leur famille. Cela doit faire l’objet d’un travail spécifique non pas pour que le « niveau baisse », mais pour former aux mieux les jeunes et en faire un sujet politique au sens noble du terme et non une source de culpabilité individuelle de ne pas être parvenu à tout faire.

Dans l’enseignement supérieur spécifiquement, nous demandons et proposons notamment :

  • la conservation d’un enseignement en présentiel même a minima ;
  • l’organisation d’une hybridation très majoritairement en distanciel ;
  • l’organisation de l’accompagnement des étudiant.e.s pour éviter les ruptures de formation, et singulièrement en L1 ;
  • l’accompagnement de celles et ceux qui en ont besoin pour pouvoir suivre un enseignement à distance (équipement, accès à des tiers lieux…).

Dans l’enseignement scolaire, nous demandons et proposons notamment :

  • l’organisation opérationnelle d’un accueil à 50% en coordonnant localement les services de l’État et des collectivités territoriales compétentes pour accueillir autrement les plus jeunes, et accompagner les plus grands qui en ont besoin dans leur travail plus autonome lorsqu’ils ne participent pas aux cours en présentiel (équipement, accès à des tiers lieux…), ainsi que l’explicitation (enfin) des critères et modalités de prise de décision pour passer à ce cadre d’accueil ;
  • l’accompagnement de celles et ceux qui en ont besoin pour pouvoir suivre un enseignement à distance (équipement, accès à des tiers lieux…) lorsque des établissements ne peuvent plus assurer d’enseignement en présentiel ;
  • la réévaluation par le ministère de l’opportunité de demander aux élèves de porter le masque à partir du CP en classe ;
  • la fourniture de masques FFP2 aux agents qui travaillent avec des élèves ne portant pas le masque dans le 1er degré donc, mais aussi en EPS par exemple ;
  • la recherche de solutions avec les collectivités territoriales pour permettre la distanciation dans toutes les cantines scolaires ;
    l’investissement dans des solutions permettant la ventilation et le renouvellement de l’air dans les bâtiments scolaires, à défaut l’installation de purificateurs d’air ;
  • la prévention des risques de fragilisation des cordes vocales des enseignant.e.s via l’accompagnement médical des agents (y compris avec des phoniatres et orthophonistes), et la fourniture d’amplificateurs de voix.

Le Sgen-CFDT s’est de nouveau adressé ce mardi 27 octobre au ministère de l’Éducation nationale, de la jeunesse et des sports et au ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche en ce sens.