Des efforts de l'administration locale, mais une politique nationale qui fait grincer les dents
Le CTSD de l’Aisne s’est réunit le 21 mars pour traiter de la carte scolaire (créations/suppressions de postes) à la rentrée 2018.
Un département plutôt bien doté
Les chiffres de création et de suppression de postes
* 61 créations par dédoublements en REP (40 CP en REP et 21 CP et CE1 en REP+) ;
* 9 ouvertures d’autres classes ;
* 6,5 créations diverses (ulis, UPE2A, conseiller pédagogique) ;
* 34 fermetures de classes ;
* 21 suppressions de poste dans le dispositif « plus de maîtres que de classes » (dont 18 sont des redéploiement dans la même école).
L’Aisne est plutôt bien doté, il faut le reconnaître, avec un solde de postes positif malgré une diminution prévue de 889 élèves à la rentrée 2018. Il y a un effort du rectorat pour prendre en compte les difficultés sociales du territoire. Les effets de la baisse démographique sont amortis encore cette année, notamment les villages et petites villes du Nord du département, en difficulté socialement et démographiquement. Le Sud voit sa population scolaire augmenter.
Les effets négatifs de la politique ministérielle
Le problème est dans la politique ministérielle, qui, pour alimenter la promesse de dédoublement en CP des REP, fait fermer des classes ailleurs, supprime des postes en collège, et sacrifie le dispositif « plus de maîtres que de classes » sans évaluation, ni même de remontées de terrain négatives (au contraire). Un pilotage politicien dont nous n’avons pas besoin. Voir notre déclaration préalable ci-dessous pour l’argumentation plus détaillée.
Cela dit, le Dasen a été sensible aux discussions, et notamment aux évolutions démographiques favorables ces derniers mois : il a annoncé en fin de réunion 7 annulations de fermeture. Plus quelques cas qui peuvent évoluer d’ici la fin de l’année. En revanche 4 dédoublements de CP en REP ont été annulés faute d’effectif suffisant.
Le vote sur la carte scolaire du premier degré à la rentrée 2018 : tous les représentants syndicaux (dont le Sgen-CFDT) se sont abstenus.
Quelques informations diverses
• Les décharges de directions en REP/REP+ seront augmentées en fonction des créations de classes par dédoublements en CP/CE1.
• Dans l’Aisne, 40% des écoles en REP sont des écoles rurales. C’est pourquoi toute mesure en faveur de l’éducation prioritaire favorise aussi la campagne.
• La scolarisation des moins de 3 ans est de 16,5 % dans l’Aisne, contre 10 % au niveau national. Les moins de 3 ans sont pris en compte dans les prévisions hors REP (sauf dans quelques cas, quand le maire s’y oppose par exemple), ce qui n’est pas le cas dans tous les départements.
• Une étude statistique intéressante faite par l’Insee, sur la France entière : le facteur le plus déterminant pour la réussite ou l’échec scolaire d’un enfant est le niveau de qualification de sa mère.
Déclaration préalable du Sgen-CFDT au CTSD de l’Aisne – séance du 21 mars 2018
Les mesures ou réformes successives prises par le gouvernement depuis sa nomination nous montrent clairement le peu de considération qu’il a pour ses fonctionnaires : suppression prévue de 120 000 postes ; augmentation prévue du nombre de personnels contractuels ; report de certaines mesures salariales prévues par le PPCR ; augmentation du taux de cotisation à la retraite ; rétablissement du jour de carence ; projet de réforme des retraites qui prévoit sans nul doute un alignement sur celui du privé (sans pour autant prévoir un alignement dans les domaines où les fonctionnaires auraient à y gagner comme celui de la création d’une véritable médecine du travail par exemple).
L’École n’échappe malheureusement pas à la brutalité de cette politique, avec un regrettable retour des réductions de postes. Mais nous voulons aujourd’hui surtout insister sur le pilotage politicien dont fait preuve le ministre et, au-delà de lui, le gouvernement et le président de la République.
Beaucoup de postes sont créés par le dédoublement des CP et CE1 en REP+. Ce dispositif n’a rien de rebutant a priori. Mais pour réaliser un point du programme politique sans faire d’effort de création de postes, on sacrifie des secteurs, on fait un échange de difficulté. Car ce dispositif est alimenté d’abord par des suppressions de classes dans les autres écoles, notamment à la campagne. Ensuite par la réduction des postes en collège.
Et il est alimenté enfin par le sacrifice du dispositif « plus de maîtres de que classes ». Ce dernier aurait-il déçu ? Aucune remontée de terrain ne laisse entendre cela, et aucune évaluation n’a été faite. Ce n’est donc pas une efficacité insuffisante qui motive ces suppressions, mais bien le désir politicien d’effacer systématiquement ce qui a été fait précédemment, et de poser sa marque. Malgré les déclarations convenues du ministre, ce n’est pas une meilleure efficacité de L’Éducation nationale qui est recherchée, mais une posture politique. Ce n’est pas le genre de pilotage dont nous avons besoin.
Il reste à espérer que le dédoublement des classes sera au moins aussi efficace que ce qui a été détruit pour lui faire place. Nous pourrons l’évaluer dans quelques années. À moins que, à son tour, il soit victime d’une alternance politique, voire d’une lubie jugée prioritaire.
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