Déclaration liminaire groupe PerDir Sgen-CFDT Hauts de France

Réunion de rentrée 2019-2020 - Académie d'Amiens

Madame la Rectrice,

Monsieur le Secrétaire général d’académie,

Messieurs les Directeurs académiques,

Mesdames, Messieurs,

Chers collègues,

Après une année éprouvante pour l’ensemble des personnels de direction et malgré les remerciements de notre ministre, les personnels de direction du Sgen CFDT des Hauts de France s’inquiètent de l’année difficile qui s’annonce avec, entre autres, la poursuite de la mise en œuvre de la réforme du bac, la mise en place des PIAL, la réforme des CIO et la réorganisation annoncée des services académiques au niveau régional.

En arrivant dans l’académie d’Amiens, vous allez découvrir, Madame la Rectrice, un territoire sinistré économiquement et un public scolaire en grande précarité sociale et culturelle. Dans ce contexte, la mission de service public de garantie de l’égalité des chances et de lutte contre la reproduction des inégalités sociales reste la priorité pour les personnels du Sgen-CFDT.

Pour le Sgen-CFDT, la réponse à ces défis est avant tout pédagogique et dépend des dynamiques d’établissements engageant l’ensemble de leurs équipes et de leurs partenaires.

Or, pour la rentrée 2019, les DHG des collèges ont été très contraintes une année de plus, certainement en raison de l’effort annoncé au profit de l’enseignement élémentaire et de l’accompagnement de la reforme du lycée. Les dynamiques pédagogiques qui se maintiennent encore dans les collèges s’en trouvent encore fragilisées. Les modes de calcul des dotations structurelles, les effets de seuil à 30 élèves par classe (ou 26 en REP+), contraignent bien souvent les principaux et leurs adjoints à ne plus pouvoir, entre autres, envisager dans des conditions dignes l’intégration des élèves en situation de handicap. Cela s’ajoute à une situation déjà très précaire des élèves à besoins éducatifs particuliers qui ne bénéficient pas tous des prises en charge adaptées auxquelles ils ont droit. Des élèves relevant d’établissements médico-éducatifs, d’instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques, voire de l’enseignement adapté sont encore trop souvent sans solution de la part des services concernés au mépris de leurs droits et le service public d’éducation ne parvient pas non plus à leur proposer une prise en charge adaptée. Dans ce contexte, la circulaire de rentrée pour une école inclusive nous laisse pour le moins perplexe, non sur les objectifs mais clairement sur les moyens que l’Etat entend mettre en œuvre pour les atteindre.

Les personnels de direction du Sgen-CFDT s’interrogent également sur le devenir des élèves en situation de décrochage scolaire ; quels sont par exemple les objectifs de ces nouvelles prépa-métiers qui font suite à la disparition des 3è prépa-pro et des 3è DIMA ?

L’injonction de dématérialisation des démarches administratives (demandes de bourses, télé-inscription, projet de saisie affelnet par les familles) contribuent à exclure de l’école les familles les plus en difficultés, en faisant fi de la fracture numérique et des moyens humains nécessaires pour la réduire, elle renforce les effets de la reproduction sociale. En outre cette informatisation à outrance (les enquêtes à répétition, les applications académiques multiples et peu ergonomiques) constitue une charge de travail supplémentaire et une nouvelle source de stress pour les personnels de direction et les équipes administratives.

Nous sommes convaincus que la performance du service public d’éducation ne peut pas se faire au prix d’une déshumanisation des relations entre les usagers et les EPLE. Nous soutenons au contraire que c’est l’humain et la relation humaine qui doivent demeurer au centre de nos préoccupations.

La charge de travail des personnels de direction est toujours croissante. Le dernier exemple en date, le plus frappant est celui de la réforme du lycée combinée à la réforme du baccalauréat. Cela génère une charge de travail considérable, non rémunérée, qui pèse sur les équipes de direction et particulièrement sur les proviseurs adjoints. Cette réforme a été menée de surcroît dans l’urgence, avec des informations au coup par coup, sans grande transparence, donnant l’impression d’une improvisation. Impression partagée par les personnels, les élèves et leurs familles. Ce déficit d’information a contraint les équipes à construire des répartitions de services par hypothèses et à préparer une rentrée dans des conditions très difficiles. Les annonces ministérielles par voie de presse, concernant le report du DNB par exemple, avant même d’avoir veillé à informer les personnels d’encadrement ont encore contribué à fragiliser le lien de confiance entre l’école et ses usagers que nous nous efforçons malgré tout de maintenir. Nous tenons à rappeler une fois de plus que le temps pédagogique et éducatif n’est pas le temps politique.

Charge de travail en augmentation, décisions prises d’en haut, marges d’initiatives très étroites, déficit de formation : les responsabilités des personnels de direction se sont accrues sans que leur pouvoir d’initiative se soit développé.

L’agenda social des semaines à venir risque de compliquer la rentrée scolaire (réforme des retraites, défavorable aux fonctionnaires, réforme de la fonction publique, entre autres) et les personnels de direction seront une fois de plus en première ligne dans leurs établissements.

Madame la Rectrice, nous tenons, malgré ce contexte tendu, à rendre sincèrement hommage au travail de l’ensemble des personnels des services académiques et départementaux, qui sont immanquablement soumis aux mêmes difficultés, mais qui continuent à œuvrer en faveur du service public d’éducation.

Madame la Rectrice, nous vous souhaitons la bienvenue et nous avons besoin de vous. Nous avons besoin de davantage d’écoute, de transparence, d’information, de communication et de moyens pour notre académie. Nous avons surtout besoin d’être entendus pour nous aider à prouver que travailler comme personnel de direction est un combat qui vaut la peine d’être mené.