Déclaration liminaire groupe PerDir Sgen-CFDT Hauts de France
Réunion de rentrée 2020-2021
Monsieur le Recteur,
Madame la Secrétaire générale d’académie,
Madame et messieurs les Directeurs académiques,
Mesdames et messieurs les secrétaires généraux,
Mesdames et messieurs les inspecteurs,
Mesdames et messieurs les responsables de service,
Mesdames, Messieurs,
Cher.e.s collègues,
« Après une année éprouvante pour l’ensemble des personnels de direction et malgré les remerciements de notre ministre, les personnels de direction du Sgen-CFDT des Hauts de France s’inquiètent de l’année difficile qui s’annonce avec, entre autres, la poursuite de la mise en œuvre de la réforme du bac, la mise en place des PIAL, la réforme des CIO et la réorganisation des services académiques au niveau régional.
En arrivant dans l’académie d’Amiens, vous allez découvrir, Monsieur le Recteur, un territoire sinistré économiquement et un public scolaire en grande précarité sociale et culturelle. Dans ce contexte, la mission de service public de garantie de l’égalité des chances et de lutte contre la reproduction des inégalités sociales reste la priorité pour les personnels du Sgen-CFDT.
Pour le Sgen-CFDT, la réponse à ces défis est avant tout pédagogique et dépend des dynamiques d’établissements engageant l’ensemble de leurs équipes et de leurs partenaires. »
Voilà, Monsieur Le Recteur, le début de notre déclaration liminaire lue à la réunion de rentrée en septembre 2019. Tout reste d’actualité aujourd’hui. A ce moment là, personne ne pouvait imaginer l’année inédite que nous avons connue et les incertitudes qui jalonnent cette nouvelle rentrée scolaire. Nous avons dû gérer d’autres contraintes, être très réactifs, savoir rassurer les personnels et les familles, être à l’écoute des médias pour entendre notre ministre, savoir si nos territoires étaient « rouges » ou « verts », et nous demander comment nous allions pouvoir limiter le décrochage scolaire. Les équipes de direction sont sorties de cette épreuve épuisées et pour beaucoup désabusées. Il n’est simplement pas envisageable que l’année scolaire 2020 /2021 se déroule de la même façon : la dernière digue que représentent les personnels de directions ne tiendra pas. Certes les impondérables sont le lot quasi quotidien de responsables d’établissements scolaires, certes notre ministère ne peut lui-même anticiper les événements auxquels nous devrons faire face dans les mois à venir, pour autant l’institution Éducation Nationale doit faire corps et pour cela il faut que chaque acteur assume ses responsabilités. Tout ne peut reposer sur les personnels de direction. Pour cela nous défendons des engagements forts qui pourront garantir un exercice de notre profession dans des conditions plus sereines, un accompagnement des familles les plus fragiles dans notre mission d’égalité républicaine et faire réussir les élèves dont beaucoup, nous le savons, devront renouer avec l’école pour réussir.
Et les réformes continuent malgré tout. Qu’en est-il de la transformation de la voie professionnelle, des E3C, de la mise en œuvre des enseignements de spécialité en terminale avec des moyens restreints, de la complexité à construire des emplois du temps viables pour les usagers ?
« Or, pour la rentrée 2020, les DHG des collèges ont été très contraintes une année de plus. Les dynamiques pédagogiques qui se maintiennent dans les collèges s’en trouvent encore fragilisées. Les modes de calcul des dotations structurelles, les effets de seuil à 30 élèves par classe (ou 26 en REP+), contraignent bien souvent les principaux et leurs adjoints à ne plus pouvoir, entre autres, envisager dans des conditions dignes l’intégration des élèves en situation de handicap. Cela s’ajoute à une situation déjà très précaire des élèves à besoins éducatifs particuliers qui ne bénéficient pas tous des prises en charge adaptées auxquelles ils ont droit. Des élèves relevant d’établissements médico-éducatifs, d’instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques, voire de l’enseignement adapté sont encore trop souvent sans solution de la part des services concernés au mépris de leurs droits et le service public d’éducation ne parvient pas non plus à leur proposer une prise en charge adaptée. Dans ce contexte, la volonté d’une école inclusive nous laisse pour le moins perplexe, non sur les objectifs mais clairement sur les moyens que l’Etat entend mettre en œuvre pour les atteindre. »
Là encore, Monsieur Le Recteur, je ne fais que reprendre les interrogations de l’année scolaire dernière toujours criantes d’actualité. A cela s’ajoute la mise en œuvre des PIALS qui si intéressants qu’ils puissent être sur le papier, ne fait qu’accroître notre surcharge de travail sans possibilité parfois d’y faire un réel travail de fond avec des personnels qui ne travaillent pas dans nos établissements.
« L’injonction de dématérialisation des démarches administratives continuées à marche forcée malgré le confinement, notamment pour l’orientation, contribue à exclure de l’école les familles les plus en difficulté, en faisant fi de la fracture numérique et des moyens humains nécessaires pour la réduire, elle renforce les effets de la reproduction sociale. En outre cette informatisation à outrance (les enquêtes à répétition, les applications académiques multiples et peu ergonomiques) constitue une charge de travail supplémentaire et une nouvelle source de stress pour les personnels de direction et les équipes administratives.
Nous sommes convaincus que la performance du service public d’éducation ne peut pas se faire au prix d’une déshumanisation des relations entre les usagers et les EPLE. Nous soutenons au contraire que c’est l’humain et la relation humaine qui doivent demeurer au centre de nos préoccupations. »
Charge de travail en augmentation, décisions prises d’en haut, marges d’initiatives très étroites, peu d’autonomie sans moyens de fonctionner, déficit de formation : les responsabilités des personnels de direction se sont accrues sans que leur pouvoir d’initiative se soit développé. L’agenda social de l’année scolaire ajouté à l’épidémie de covid 19 n’a pas permis de travailler correctement et sereinement lors de la dernière année scolaire.
Les incertitudes des semaines à venir vont de fait compliquer la rentrée scolaire et les personnels de direction seront une fois de plus en première ligne dans leurs établissements. Dans nos établissements, nous essayons que chacun se sente bien pour y travailler au mieux. Le mot bienveillance a été souvent employé. Pourrait-on espérer un peu de bienveillance pour les personnels de direction qui en ont bien besoin ?
Monsieur le Recteur, nous tenons, malgré ce contexte tendu, à rendre sincèrement hommage au travail de l’ensemble des personnels des services académiques et départementaux, qui sont immanquablement soumis aux mêmes difficultés, mais qui continuent à œuvrer en faveur du service public d’éducation.
Monsieur le Recteur, nous vous souhaitons la bienvenue et nous avons besoin de vous. Nous avons besoin de continuer le travail entrepris en confiance, grâce à une écoute mutuelle, un partage d’informations avec davantage de moyens pour notre académie. Nous avons surtout besoin d’être entendus et pris au sérieux pour nous aider à prouver que travailler comme personnel de direction est un combat qui vaut la peine d’être mené.