AED, après le CDI, quelles revendications ?

Alors que le Sgen-CFDT a porté le projet de cédéisation des AED (Résolution du Congrès de Dijon), l'Assemblée nationale, le 24 janvier, s'est prononcée en faveur de ce projet. Pour autant, ce n'est qu'une étape, le CDI ne pouvant représenter une fin en soi. D'autres revendications sont nécessaires.

Engagé sur la défense des agents contractuels AED depuis de nombreuses années, le Sgen-CFDT est parti à leur rencontre pour mieux connaître la réalité de leurs conditions de travail. C’est grâce à ces rencontres que notre organisation syndicale a pu construire des revendications en adéquation avec leurs besoins.

AEDDes conditions d’exercice qui ne peuvent qu’être améliorées

Le deuxième constat porte sur les conditions d’exercice dans lesquelles évoluent ces personnels.
L’ensemble des témoignages recueillis confirment l’absence de formation, de reconnaissance et d’accompagnement de leur projet professionnel.

Concernant la formation, les AED doivent pouvoir bénéficier d‘un temps de formation initiale, mais aussi continue. Alors qu’ils/elles sont au contact des élèves, dans une relation éducative quotidienne, les AED ignorent pour la plupart le cadre déontologique dans lequel ils/elles interviennent. Une sensibilisation aux valeurs de l’Institution scolaire est nécessaire.

Concernant le suivi de l’élève, tant du point de vue de la relation éducative que pédagogique (tutorat, aide aux devoirs, devoirs faits), les AED gagneraient à recevoir des rudiments de formation en psychologie (de l’enfance, de l’adolescence).
Ces éléments de psychologie leur permettraient de gagner en professionnalité en adoptant la posture adéquate à chaque situation d’élève (accueil, écoute, repérage des situations, suivi des élèves à besoins éducatifs particuliers).

D’autres pistes pour valoriser les parcours des AED

Concernant l’accueil des élèves, une formation systématique aux premiers secours doit être incluse au corpus de formation.

De même, nous pensons qu’un accès facilité aux formations de type BAFA/BAFD, prises en charge par l’employeur, serait un plus dans un parcours professionnalisant. Cela servirait le parcours du jeune au sein de l’Éducation nationale et sa relation aux élèves.

Concernant le travail en équipe et la coopération avec les CPE, une sensibilisation à la dynamique de groupe, au debriefing, à la mutualisation des informations recueillies nous paraît nécessaire. Cela passe nécessairement par des temps d’analyse de pratiques et d’échanges qu’actuellement les AED n’ont pas.

Mieux accompagner leur projet professionnel

Du point de vue de l’accompagnement de leur projet professionnel, les AED doivent pouvoir bénéficier d’un suivi régulier. Ils/elles sont encore trop nombreux à terminer leur contrat sans avoir bénéficié d’un tel suivi alors qu’ils/elles assurent au quotidien le suivi de nombreux élèves. Cela passe évidemment par des entretiens professionnels réguliers et par une écoute active au sein des établissements du second degré. Il paraît donc nécessaire de formaliser cela dès la signature de leur contrat.

Mieux reconnaître leur travail, le valoriser

La reconnaissance qu’ils/elles attendent est loin de se résumer à une augmentation de leur rémunération, ce que revendique le Sgen-CFDT dès leur troisième année d’exercice avec un changement d’indice. Les AED attendent surtout une reconnaissance des acquis professionnels validée par un document officiel délivré par le ministère. Dans la perspective d’un concours, un tel document étofferait davantage le dossier du candidat tout en leur manifestant plus de considération dont ils/elles déplorent trop souvent le manque.

Une meilleure dotation en postes dans les établissements

Actuellement, les établissements scolaires sont pour la plupart sous-dotés en moyens de personnels AED. Cela entraîne de facto une surchauffe des équipes qui tournent en surrégime. En conséquence, il devient difficile pour beaucoup d’AED de se mobiliser sur leurs études après de telles journées. De plus, demander une journée d’absence pour formation devient très compliqué au regard de la pression exercée sur les équipes du fait de cette sous-dotation.

Par ailleurs, la dotation en nombre d’AED au sein d’une même académie peut aussi être requestionnée en terme de justice sociale, et les services académiques s’honoreraient à en expliciter les critères auprès des établissements.

Un CDI qui reste à construire pour les AED

Pour le Sgen-CFDT investir dans la formation des AED ne représente pas un coût mais un investissement dans la construction du parcours de jeunes adultes. Véritable couteau suisse au sein des EPLE, les AED doivent être considérés comme des personnels à part entière. Sortir d’un contrat de six ans maximum pour permettre une cédéisation est une bonne chose. Il faudra maintenant l’encadrer et accompagner sa mise en place. Le Sgen-CFDT entend faire des propositions pour que cela prenne forme dans l’intérêt des AED mais aussi des établissements. Le chantier est vaste et les perspectives prometteuses.