Evaluations de Mi-CP : des inégalités persistantes…

Les résultats des évaluations de mi-CP en français et en mathématique sont publics. Si les évaluations de fin septembre avaient marqué une difficile entrée dans les apprentissages des élèves, celles de mi janvier montrent des résultats encourageants mais très inégaux suivant les territoires.

Un an après le confinement et les effets que l’on connaît, le Ministère vient de publier les résultats des évaluations de mi-CP que les élèves ont effectué en janvier dernier.
Ces résultats semblent indiquer une montée en compétences des élèves par rapport à la même période l’année passée.
Pourtant, la situation est encore très inégale sur le territoire avec de fortes disparités entre les élèves scolarisés en REP+ et les autres.

Pour le Sgen-CFDT, il faut sans doute aller chercher  les raisons ailleurs que dans les apprentissages purs en maths et français et penser que les effets du retour en classe ont été plus durables pour les élèves des quartiers de la politique de la ville.

De premières évaluations fin septembre marquées par les conséquences de la crise sanitaire

En octobre dernier, lors de la sortie du premier point d’étape sur les évaluations, le Ministère avait pointé l’écart très important, tant en français qu’en maths entre les évaluations de septembre 2019 et celles de septembre 2020. La Covid était passée par là et beaucoup d’enfants de grande section n’étaient pas retournés dans leurs écoles au printemps dernier et ce malgré le gros travail des enseignants pour maintenir le contact. Pour beaucoup d’enseignants, la rentrée 2020 a donc été marquée, à la fois par l’incertitude de la crise sanitaire mais surtout par la nécessité de remobiliser les enfants afin qu’ils redeviennent des élèves.
Réapprendre les codes de l’école a pour certains été compliqué.

Des résultats d’évaluation qu’il faut analyser en équipe

Si, le Sgen-CFDT ne cautionne pas ces évaluations qu’il juge coûteuses tant financièrement qu’en terme de temps mobilisé, il convient de remarquer qu’elles peuvent être source d’analyses sur un certain nombre d’éléments lecture rapide, maîtrise des nombres…
Comparer d’autre part deux années scolaires consécutives n’a pas non plus vraiment de sens. En effet, beaucoup d’enseignants dans les écoles mentionnent les effets cohortes d’une année sur l’autre. A enfants différents, résultats forcément différents.

Force est pourtant de constater qu’elles peuvent être collectivement un moyen de pilotage intéressant pour la construction du parcours de l’élève même si de nombreux enseignants, avant ces évaluations avaient adopté leurs propres outils.

Encore faut-il que les équipes enseignantes disposent de temps d’analyse en équipe sans injonctions en ayant la possibilité de prioriser en autonomie certains objectifs.

Des résultats en maths en progrès

Sur les résultats proprement dits, en maths, il semble que le travail effectué par les équipes enseignantes entre septembre et janvier ait « effacé » les effets du confinement .
De plus, ces résultats seraient meilleurs que l’année passée.
Si l’on regarde maintenant la différence entre garçons et filles, les garçons obtiennent de meilleurs résultats sur les évaluations mathématiques que les filles sur quasiment tous les exercices.
Si l’on regarde les différences entre éducation prioritaire et hors éducation prioritaire, les écarts demeurent même s’ils ont quelque peu régressé en maths.
Ce sont les exercices liés à la soustraction et la résolution de problèmes qui marquent le plus grand écart entre ces deux territoires. C’est tout à fait normal quand on sait que les élèves scolarisés en REP+ ont plus de difficultés pour accéder au sens de par notamment le multilinguisme qu’ils possèdent, une chance pour eux mais qui à l’école entraîne des difficultés.
L’accès à la langue française dans ses subtilités peut être pour certains un handicap à entrer dans des consignes écrites ou la compréhension de la langue orale donc des consignes données.

Progrès en français mais de façon inégale sur le territoire

Pour le français, on note de grandes différences en fonction des compétences et des secteurs de scolarisation des élèves.
Si globalement et c’est tant mieux, les élèves ont fortement progressé entre septembre et mi janvier, les progrès sont cependant moins importants qu’en maths. Contrairement à ces derniers, ce sont les filles qui obtiennent de meilleurs résultats en français.
Sur le plan des différences territoriales, les écarts se creusent entre les écoles hors éducation prioritaire et en REP+.
C’est notamment sur la compréhension orale que les écarts sont les plus importants. Là encore la barrière de la langue peut être un obstacle pour de nombreux élèves. Quand on ne parle pas français à la maison, l’entrée dans la langue orale à l’école est parfois un parcours d’obstacle.

Pour le Sgen-CFDT cependant, un grand manque dans ces évaluations, l’évaluation de l’accès au sens de la lecture qui n’est pas assez mesuré.

C’est pourtant quelque chose d‘indispensable pour l’élève.

Quelles évaluations de l’efficacité des classes dédoublées ?

elevesMais ce qu’il faut retenir de ces évaluations, c’est l’écart important suivant le milieu social de l’élève.
Ainsi, plus l’enfant a un milieu social défavorisé, plus ses résultats à ces évaluations sont faibles.
Cela justifie donc pour le Sgen-CFDT la nécessité de mettre des moyens conséquents sur l’éducation prioritaire.
Cela pose aussi la question de l’efficacité du dispositif classes dédoublées qui au vu des résultats ne donnerait pas les résultats escomptés, un dispositif qui pourtant est le fer de lance de la politique éducative de ce gouvernement en matière d’éducation. Mais qu’en aurait-il été si ce dispositif n’existait pas ?
Ce qui est certain c’est que cela pose la question de l’évaluation d’un dispositif qui est devenu au delà de sa mise en œuvre sur le terrain un argument politique utilisé par le Ministère et qui rendra sa suppression difficile par la suite.

Des écarts qui se creusent et qui posent la question de la mixité scolaire et sociale

Ces évaluations montrent une nouvelle fois que les écarts se creusent en fonction du milieu social de provenance des élèves. L’école ne parvient pas à gommer les inégalités existantes dès le plus jeune âge. Il faut donc réellement se poser la question de la mixité sociale des écoles.
Pour le Sgen-CFDT, cela ne peut passer que par une politique volontariste des collectivités territoriales pour définir des périmètres scolaires qui le permettent car, comme de nombreux rapports le précisent, la mixité scolaire favorise la réussite de tous.

Il faut donc sortir de l’entre-soi de certains quartiers, de certaines écoles, une tâche bien difficile pour une société très individualiste.

Ces évaluations sont donc un marqueur social et si les élèves ont tous progressé, c’est avant tout grâce à la mobilisation des professionnels dans les écoles.
Pour les élèves la crise sanitaire n’appartient pas au passé. les conséquences sur les apprentissages risquent d’aller au delà de cette année scolaire. Cela pose donc la nécessité pour le Sgen-CFDT de continuer à accompagner les élèves et par là-même les enseignants.

Des évaluations qui doivent penser les apprentissages sur le Cycle

Ces évaluations montrent clairement aussi la nécessité de travailler en cycle.
Construire le parcours d’un élève et ses progrès en maths et en français, pour ne citer que ceux des évaluations nationales, doit s’inscrire dans un temps qui n’est pas limité à une année scolaire.
La crise sanitaire a de ce côté été un révélateur a fortiori dans les écoles de REP+.
Pour le Sgen-CFDT, le travail d’apprentissages notamment de la lecture doit donc s’inscrire dans un temps plus long et ne peut être seulement l’adage du Cours Préparatoire. 
Pour les enseignants, cela signifie donc de travailler ensemble à la construction de ces parcours, donc de disposer de temps pour les concevoir, les adapter aux progrès des élèves.

Si les évaluations doivent servir à quelque chose, c’est avant tout à se donner collectivement des bases de pilotage pédagogique dans les écoles.