Réforme du collège : on ne doit rien lâcher !

Depuis deux ans, les personnels des collèges font des efforts considérables pour promouvoir un enseignement plus attentif à la réussite de tous les élèves en prenant en compte les besoins et les compétences de chacun.

Philippe Guizard

Phillippe Guizard et Jérôme Damblant sont tous les deux IA-IPR d’histoire-géographie dans l’académie de Montpellier et dans l’académie d’Amiens.

Ils donnent leur analyse de la réforme du collège et des aménagements voulus par le nouveau ministre.

L’évolution des pratiques est engagée

Au collège, on propose désormais des parcours personnalisés prenant en compte les besoins et les compétences de chacun et pour offrir une démarche éducative plus cohérente. Les équipes ont fait et poursuivent un énorme effort de formation largement soutenu par les Inspecteurs (IA IPR, IEN 1er et 2nd degré) et Personnels de direction engageant de nouvelles dynamiques de travail.

Une vraie rupture pédagogique est à l’œuvre au collège.

Les aménagements apportés par le nouveau ministre inquiètent sur de nombreux points.

Des acquis nombreux grâce à la réforme

Pour la première fois, les programmes ont été pensés  de la maternelle à la 3ème, par le Conseil Supérieur des Programmes avec une recherche de cohérence, en référence au Socle, et de continuité entre l’école et le collège, au travers des programmes de cycles.

L’enseignement par compétences, et son corollaire, l’évaluation par compétences, se mettent progressivement en place.

Des habitudes nouvelles ont été prises, qui permettent de porter un regard renouvelé sur le travail des collégiens.

L’accompagnement personnalisé (AP) montre des approches très diversifiées selon les établissements. Son intégration systématique dans la scolarité de l’élève, son élargissement à toutes les disciplines au-delà du français et des mathématiques et son articulation avec les programmes disciplinaires constituent de réelles avancées.

La question de la différenciation pédagogique est enfin explicitement posée au collège.

Les enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI) ont trouvé leur place. Les équipes, dans leur grande majorité, constatent l’intérêt pour les enseignants comme pour les élèves d’un dispositif qui évite le cloisonnement des savoirs et qui leur donne davantage de sens.

Des aménagements inquiétants de la réforme du collège

 Si certains d’entre eux apportent une réelle souplesse aux établissements, comme la liberté accordée en matière de thématiques pour les EPI, d’autres semblent faire perdre de la cohérence à la réforme du collège tout en donnant l’impression de céder aux demandes des familles les plus favorisées.

La réintroduction des classes bi-langues dès la 6ème, le retour des enseignements en langue étrangère apportent-ils une réelle plus-value aux élèves qui commencent dorénavant tous une seconde langue vivante en 5ème, ou ces mesures constituent-elles des leviers pour contourner la carte scolaire ?

Quel signal est donné aux équipes quand on laisse à penser que l’AP ou les EPI ne sont pas si importants que cela, au point de pouvoir choisir entre ces dispositifs ?

Comment les propos du ministre sur le redoublement vont-ils être perçus alors que depuis tant d’années l’institution lutte contre cette forme stérile de combat contre l’échec scolaire ?

Comment interpréter le futur dispositif « devoirs faits » si dans le même temps on ne rappelle pas que la lutte contre l’échec et les inégalités scolaires se déroule d’abord dans la classe ?

 

Où est la cohérence de la politique éducative dans tout cela ?