La mise en œuvre chaotique du parcours en "Y" et la surdité du ministère face à nos alertes nous obligent à nous mobiliser. Nous portons un vrai projet pour l'enseignement professionnel. Il est temps de se faire entendre.
Pour la CFDT Éducation Formation Recherche Publiques, défendre la voie professionnelle est une priorité. Ce n’est pas en accumulant réforme sur réforme que les conditions de travail des élèves et des personnels s’amélioreront.
Tirer le bilan des réformes afin de défendre la voie professionnelle
Oui, le parcours différencié dit « parcours en Y », renommé récemment en parcours personnalisé, est globalement un échec. Les objectifs ne sont pas atteints. Les disfonctionnements sont en effet nombreux :
- Les conditions de préparation de cette mesure n’ont pas été réunies. Pour rappel, la CFDT demandait un moratoire.
- L’impact sur les difficultés d’accompagnement des élèves n’a pas été mesuré, créant ainsi des dommages collatéraux.
- L’oubli que les enseignants sont souvent mobilisés pour d’autres missions à cette période a perturbé l’organisation de ce parcours.
- Les élèves se sont peu mobilisés sur ces deux branches du parcours. Ils étaient, en effet, peu nombreux dans les classes lors des 6 semaines de préparation aux études supérieures. Leurs camarades, étaient très nombreux à ne pas bénéficier d’une formation professionnelle de qualité pendant ces 6 semaines.
Les conditions de mise en œuvre de ce parcours n’ont pas permis aux élèves de préparer dans de bonnes conditions ni leur insertion, ni leur poursuite d’études. Nous demandons l’abrogation de cette réforme en l’état mais nous refusons le statu quo.
Le projet de la CFDT pour défendre la voie professionnelle
Oui, la CFDT a un projet pour le lycée professionnel. Nos revendications précises portent une formation de qualité des élèves et la possibilité de redonner enfin du sens à nos enseignements.
Pour notre organisation syndicale, il est urgent de redonner du sens au travail de celles et ceux qui exercent en lycée professionnel.
Il faut redonner du sens à la formation de nos élèves et les reconnaître. Cela nécessite de leur donner les moyens d’être des acteurs de leur formation et d’arrêter de les infantiliser, voir de les ghettoïser.
La CFDT inscrit son projet dans le cadre d’un parcours de l’élève construit du collège aux études supérieures .
Il faut cesser cette infantilisation des PLP et leur donner toute la place comme expert de leur travail: des réformes pensées sans eux et imposées sont vouées à l’échec.
Les objectifs doivent être partagés entre les différents acteurs et les agents doivent être formés à toutes les pédagogies innovantes.
Il est indispensable de recréer grâce à la pédagogie de l’alternance une envie partagée par tous nos élèves apprenants
Alors que plus de 80 % des élèves de la voie professionnelle obtiennent leur diplôme, force est de constater que le décrochage scolaire, l’insertion professionnelle et le taux de réussite en BTS restent préoccupants. la CFDT souhaite être écoutée en ce qui concerne :
- la vocation du lycée professionnel,
- sa place par rapport aux deux autres voies (générale et technologique) du lycée,
- l’écart qui existe aujourd’hui entre un diplôme professionnalisant et la qualification professionnelle réellement atteinte par les élèves,
- la vision étroite qui s’inscrit dans une logique adéquationniste entre la formation initiale et les besoins en emplois.
La voie professionnelle doit pouvoir revendiquer son originalité. C’est une modalité globale de formation en alternance entre la pratique et la théorie, le lycée et l’entreprise, le scolaire et l’apprentissage.
Le Lycée Professionnel n’est pas une voie de « garage ». Mais c’est la voie qui sait s’adapter aux besoins de ses jeunes dans un objectif de parcours Bac-3/Bac+3.
Nos revendications immédiates:
La prise en compte de la particularité du métier d’enseignant en lycée pro qui accueille dans la grande majorité des cas un public à besoins éducatifs particuliers . Nous revendiquons un allégement de nos services avec une pondération de 1,1.
Les horaires disciplinaires
Nous constatons comme tout le monde les pertes horaires pour différentes disciplines. Même si l’attribution d’ heures complémentaires devraient permettre des apprentissages dans de meilleures conditions avec de nombreux dédoublements possibles. Dans les faits, c’est loin d’être le cas souvent, elles sont détournées pour permettre aux établissements de fonctionner et de ne pas supprimer de postes.
Il faut repenser ces grilles collectivement en fonction des besoins identifiés des élèves.
L’orientation des élèves
L’orientation des élèves vers la voie professionnelle se fait encore massivement par l’échec. Le travail de reconquête de l’estime de soi des élèves par les enseignants de la voie professionnelle est totalement sous estimé.
Les Responsables du Bureau Des Entreprises (R.B.D.E.)
La CFDT a réaffirmé, contrairement aux autres organisations syndicales, que les responsables du bureau des entreprises apportent un plus pour la mise en œuvre de l’alternance (C’est quoi un RBDE ?). Ceci, à conditions que leurs missions soient respectées. Nous déplorons l’absence de cadre de gestion et de sécurisation du parcours de nos collègues , le flou des missions selon les académies, des employeurs différents avec des conditions d’ exercice indifférenciées.
La pédagogie de l’alternance
La mise en place précipitée et chaotique du « Y » ne s’accompagne pas non plus d’une véritable réflexion sur la pédagogie de l’alternance, seule à même d’améliorer la qualité des formations. Contrairement aux autres organisations syndicales, nous ne demandons pas moins de PFMP. Nous préférons des PFMP de qualité accompagnées d’une action sérieuse contre les discriminations, violences et absences d’objectifs de formation. Une surveillance des règles en matière de santé , sécurité en entreprise lors des PFMP doit être réaffirmée et organisée.
Des réformes centrées sur le Bac Pro mais qui oublient les CAP
La CFDT a souligné que la question des CAP est malheureusement oubliée et a entravé les réformes du bac pro : pour rappel le passage au bac pro 3 ans devait s’accompagner de la création de « cap miroir ».
La TVP devait permettre la mise en place de CAP en fonction des besoins des élèves (cap 1, 2 ou 3 ans) avec des passerelles vers le bac pro. En réalité nous n’avons globalement que des CAP d’inclusion qui de plus ne remplissent pas leurs fonctions.
Le financement de la voie professionnelle
Un autre motif de complexité concerne la très mauvaise articulation des responsabilités politiques et financières entre les Régions et l’État. Le financement des plateaux techniques, le conflit entre l’apprentissage privé et public, l’organisation des internats pour accueillir les élèves, … sont autant de sujets qui complexifient l’organisation de la voie professionnelle en France.
L’apprentissage
Cette modalité de formation est intéressante mais doit pas se substituer aux objectifs de l’enseignement professionnel. Dans l’immédiat, nous exigeons que chaque apprenti soit comptabilisé pour la dotation des moyens attribués.
La carte des formations
Impossible pour la CFDT d’avoir une carte des formations opaque où les organisations syndicales sont écartées de son élaboration. Nous refusons une carte des formations adéquationniste et à courte vue comme c’est trop souvent le cas.
Le 14 Octobre Tous mobilisés ! Pour l’abrogation de la réforme
Contre le statu quo!