De nombreuses informations circulent sur la réforme de l'accès au premier cycle de l'enseignement supérieur. Il y a du vrai mais il y aussi beaucoup de faux.
La réforme introduit la sélection. Vrai ou faux ?
Le texte de loi cadrant le nouveau dispositif d’entrée en Licence comporte toujours la phrase « Le premier cycle est ouvert à tous les titulaires du baccalauréat ». Le libellé de cette phrase s’applique à toutes les filières de bac.
Les étudiant·es dont les compétences sont jugées insuffisantes se verront refuser leur inscription. Vrai ou faux ?
Ils/elles seront bien inscrit·es dans la filière de leur choix et bénéficieront d’un accompagnement obligatoire qui engage la responsabilité de l’établissement pour les faire réussir au même titre que les autres étudiant·es non concerné·es par ce dispositif de soutien.
Cet accompagnement leur donnera droit à des crédits ECTS. Comparé à la situation actuelle c’est un véritable plus !
Les capacités d’accueil ne seront plus réservées aux filières en tension, mais seront étendues à toutes les filières universitaires : cela va entraîner un processus de sélection généralisée. Vrai ou faux ?
Les capacités d’accueil devront être définies dans les instances de chaque établissement (conseil académique, conseil d’administration), où les personnels sont représentés. Le Sgen-CFDT est présent dans ces instances, et comme la majorité des organisations syndicales il s’oppose à la sélection. Nous pouvons faire confiance à nos élu·es pour y veiller.
Ces capacités d’accueil votées en instances sont ensuite soumises à la validation de l’autorité académique qui pourra juger de leur pertinence et le cas échéant les refuser. Enfin, les organisations étudiantes savent être très vigilantes et sauront accompagner au tribunal administratif les candidat·es recalé·es sous le faux prétexte du manque de place. C’est déjà le cas aujourd’hui, avec un succès assuré.
Certain·es candidat·es pourront n’avoir aucune réponse positive à leur demande de filière (ni un « OUI », ni même un « OUI SI »). Vrai ou faux ?
… même si le NON n’existe que pour les filières sélectives : sections de technicien supérieur (STS), instituts universitaires de technologie (IUT), classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE). Mais dans ce cas c’est l’autorité académique qui a la responsabilité de proposer une formation dans l’enseignement supérieur. Le Sgen-CFDT a obtenu que cette proposition se fasse dans le cadre d’un dialogue. L’inscription ne peut se faire sans l’accord du bachelier (dernier mot), le dialogue continuant jusqu’à ce qu’un accord soit trouvé.
Si un·e candidat·e n’obtient que des réponses « OUI SI », il/elle pourra les refuser. Vrai ou faux ?
Dans ce cas la commission académique composée de représentant·es de l’EN et de l’ESR et présidée par le recteur / la rectrice devra, en accord avec la personne concernée, proposer une autre inscription en tenant compte de ses compétences et de son projet.
Un·e candidat·e pourra se voir proposer une inscription dans la filière de son choix, mais dans un autre établissement que celui de son choix. Vrai ou faux ?
Mais dans ce cas il/elle recevra une aide financière spécifique comme c’est le cas actuellement pour le master.
Les personnels de l’ESR vont avoir à traiter de nombreux dossiers de candidatures. Cela va accroître leur charge de travail. Vrai ou faux ?
C’est pour cela que le Sgen-CFDT a demandé et obtenu la mise en place d’une reconnaissance financière (indemnité), des heures de décharges d’enseignement, et une prise en compte de ces nouvelles tâches dans le déroulé de carrière de tous les personnels concernés. Par ailleurs, un plan de recrutement de 446 emplois est prévu pour la rentrée 2018. Le Sgen-CFDT demande des recrutements en particulier dans les SCUIO et les services de scolarité, qui seront fortement impactés.
Un plan de financement de 950 millions d’euros sur 5 ans est prévu pour financer la réforme.
La rentrée prochaine va être compliquée dans les établissements d’enseignement supérieur. Vrai ou faux ?
Tous les éléments de la réforme ne seront pas encore en place pour la rentrée prochaine. En particulier, les éléments qui au lycée permettront d’accompagner les futur·es étudiant·es dans la construction d’un projet d’orientation éclairé. Il y aura donc encore certainement des filières non sélectives qui resteront en tension. Le Sgen-CFDT a demandé et obtenu que les situations soient étudiées établissement par établissement pour permettre des adaptations provisoires et des aides spécifiques.
Le ministère a d’ores-et-déjà entamé le travail avec les président·es d’université et les vice président·es CFVU pour anticiper au mieux les difficultés. Les capacités d’accueil pourront ainsi être augmentées ponctuellement et localement pour faire face aux difficultés. Le Sgen-CFDT a obtenu que des points d’étape réguliers de la mise en œuvre de la réforme aient lieu avec les organisations syndicales représentatives et devant le CNESER.
La situation des « filières en tension » ne va pas s’améliorer. Vrai ou faux ?
C’est un vrai risque si les moyens suffisants ne sont pas affectés aux universités. Mais alors la réforme n’atteindra pas son objectif et le gouvernement aura échoué. Il devra en porter la responsabilités et en assumer les conséquences.
La réforme ne changera rien. Vrai ou faux ?
Pour deux raisons essentielles : 1) Le tirage au sort ne sera plus pratiqué 2) les étudiant·es de première année de Licence dont les compétences sont jugées insuffisantes bénéficieront d’un accompagnement rapproché et spécifique, revendication que le Sgen-CFDT porte de longue date et dont il se réjouit qu’elle aboutisse car il s’agit d’une vraie mesure de justice sociale. Car on le sait bien, les échecs en licence concernent majoritairement les étudiant·es issu·es des milieux les plus modestes.
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