Évaluation de la rénovation de la voie professionnelle dans l’enseignement agricole

Quatre ingénieurs généraux du conseil général, ont rendu public leur rapport sur l‘évaluation de la rénovation de voie professionnelle  6 ans après sa mise en place.Il pointe ses nombreuses forces et ses quelques faiblesses. Il mérite une lecture attentive, a minima, sa conclusion fort synthétique.

rénovation de la voie professionnelle dans l'enseignement agricole - rapport du CGAEERForces et faiblesses de la rénovation de la voie professionnelle

De grands objectifs ont été atteints…

Ce nouveau rapport du CGAEER sur « l’évaluation de la rénovation de la voie professionnelle dans l’enseignement agricole » , fort bien étayé, utilisant des sources jusqu’alors inexploitées, éclaircit le débat en mettant, noir sur blanc, les forces et les faiblesses de la rénovation de la voie professionnelle (de 2009 à aujourd’hui).

  • Oui, le nombre de bacheliers professionnels a augmenté de 60% en 6 ans dans l’enseignement agricole
  • Oui, il y a eu augmentation globale de la qualification d’une classe d’âge
  • Oui, la voie professionnelle progresse vers une égale dignité avec les autres voies générales et technologiques.

Donc ces grands objectifs de la rénovation ont été atteints et le Sgen-CFDT s’en félicite.

mais le rapport souligne aussi les faiblesses…

  • Insertion professionnelle: Le Taux net d’emploi a légèrement baissé passant de 71% à   67% mais cette baisse est davantage due au mauvais contexte de l’emploi qu’à la rénovation de la voie Pro.
  • Le décrochage a t’il augmenté ? Le rapport manque de sources statistiques pour répondre à cette question, mais pointe que les décrochages sont faibles (1 à 3%) mais ont lieu chaque année tout au long de la formation des 3 ans .Cumulés., ils représentent 6 % à 7% d’une classe d’âge.C’est évidemment trop.Il convient donc  de réduire ces décrochages par des efforts spécifiques.Il est nécessaire de rendre notre école davantage bienveillante et continuer notre progression dans la voie d’une pédagogie attrayante et motivante.
  • N’ayant pas les données avant la réforme, et il n’est pas possible d’accuser la RVP d’avoir augmenté ces décrochages.Pourtant certaines voies ne s’en sont pas privées

Le BEPA

Le rapport reprend la revendication du Sgen-CFDT en demandant une simplification de l‘évaluation du BEPA.

« Les modalités d’évaluation du BEPA doivent être simplifiées dans les meilleurs délais ».

En revanche, il affirme, après avoir interviewer quelques  professionnels, que le BEPA a perdu sa valeur professionnelle. Le Sgen-CFDT, contrairement à l’APCA, n’en est pas persuadé. Les dernières enquêtes, 7 mois indiquent une bonne insertion des BEPA.

La CFDT tient particulièrement à la présence d’un diplôme de niveau 5 délivré au cours du Bac Pro 3 ans notamment pour réduire le nombre d’élèves sortants sans diplôme professionnelle.

C’est un objectif auquel notre syndicat tient particulièrement pour des raisons économiques et sociales. Il militera contre la disparition du BEPA évoquée dans le rapport.

En revanche, le Sgen-CFDT est très ouvert sur un nouveau mode de délivrance de ce BEPA.

Il pourrait être constitué d’une validation d’une partie des compétences du Bac Pro ou prendre la forme d’un simple certificat attestant des compétences acquises au cours de la formation.

Équilibre entre insertion professionnelle et poursuite d’études

La réforme avait le double objectif d’améliorer l’insertion de jeunes de plus en plus nombreux et d’augmenter leur capacité à poursuivre des études.

Les résultats sur la poursuite d’études sont un peu décevants. ils sont franchement mauvais lorsque les jeunes s’orientent vers une formation universitaire et sont stables en pourcentage pour les élèves poursuivant en BTS.(un sur deux obtient son diplôme en 2 ans).

Cependant, le nombre de Bac Pro obtenant leur BTS a fortement augmenté (plus 80%) et des élèves Bac Pro même s’ils échouent à l’examen, peuvent mettre sur leur CV « niveau BTS » et s’insèrent correctement sur le marché du travail. De plus, ils seront mieux armés au cours de leur vie active pour profiter de la formation continue tout au long de la vie.

Il n’en reste pas moins que le rapport a bien identifié, une faiblesse de notre système éducatif, il est nécessaire de mettre en place des dispositifs pédagogiques spécifiques favorisant la réussite des Bac Pro en BTS. Nous pensons comme le rapport l’évoque que cela passe par des dispositifs individualisés financés durablement, mis en place au cours du Bac Pro 3 ans et à l’arrivée en BTS. Le Sgen-CFDT revendique pour l’ensemble du système éducatif une dynamique Bac – 3 Bac + 3.

Individualisation et autonomie : des dispositifs pertinents à redynamiser et à renforcer

Le Sgen-CFDT se retrouve parfaitement dans les préconisations suivantes :

«Les dispositifs d’individualisation tels que les EIE, l’accompagnement individualisé et le tutorat sont des outils pertinents qu’il convient de redynamiser et de consolider afin de permettre aux enseignants de s’adapter à l’hétérogénéité du public d’apprenant et d’améliorer ainsi la réussite».
« Il semble que l’ensemble des espaces d’autonomie, utilisés de manière pertinente, apporte une réelle plus-value aux apprenants et contribuent ainsi à leur réussite. »

Sur le CAP agricole

Comme le Sgen-CFDT, le rapport porte un regard positif sur la nouvelle réforme du CAP agricole et constate une progression régulière des effectifs de diplômés.(+60% entre 2006 et 2011)
Il constate avec satisfaction un flux grandissant d’élèves titulaires du CAP continuant directement leurs études en 1ère Pro, reconstituant ainsi un faible flux (8%) de parcours en 4 ans tout en laissant le gros flux d’élèves (92% %) réalisé le parcours Bac Pro en 3 ans.

Conclusion

Le Sgen-CFDT apprécie la rigueur, le ton, la clarté du traitement des données et les conclusions de ce rapport courageux sur l’évaluation de la rénovation de la voie professionnelle. Nous espérons qu’il contribuera à enterrer définitivement le sempiternel refrain, « C’était mieux avant, revenons au Bac Pro 4ans »  Il est sain de tourner la page.

Il pointe les progrès déjà réalisés et montre  le chemin qu’il reste à parcourir pour mieux accueillir les élèves, mieux les insérer et faciliter leur réussite lorsqu’ils souhaitent poursuivre leurs études.

La question n’est pas comment revenir au Bac Pro 4 ans en critiquant et fragilisant la structure actuelle mais bien comment améliorer et consolider la nouvelle voie professionnelle le Bac Pro 3 ans et le nouveau CAP agricole. Le chantier est ouvert, Le Sgen-CFDT dispose d’outils et d’énergie pour y participer pleinement.