L'évaluation en collège se fait avec notes ou sans notes, selon les choix des collègues. Peut-on choisir de se passer de notes à tous les niveaux ?
La question de l’évaluation en collège suscite parfois quelques crispations.
Ici, on évalue les compétences sans mettre de note, sur tout ou partie des niveaux, là, les notes constituent la référence.
On ne va pas revenir ici sur l’intérêt et les limites de chacun de ces choix. De très nombreuses contributions existent à ce sujet. Rappelons cependant que nous avons bien à évaluer des compétences du socle commun et que le diplôme national du brevet est bien attribué en fonction d’un score en points.
L’évaluation en collège : un choix collectif
Il faut retenir que le choix doit être un choix d’équipe.
L’un des objectifs de l’évaluation en collège est qu’elle puisse être partagée et comprise avec les élèves et les parents. L’homogénéité pourra donc favoriser cette compréhension. Les échanges entre collègues, notamment en conseil pédagogique, doivent permettre d’arrêter une position commune. Ce choix est ensuite présenté en conseil d’administration (l’organisation scolaire est de sa compétence). La mise en œuvre peut être progressive.
L’évaluation par compétences : pour quels niveaux ?
Une réticence peut exister sur la classe de Troisième, en particulier du fait des notes requises pour le brevet.
On peut aussi penser que le passage au lycée peut rendre difficile le maintien d’une évaluation par compétence. Le collège n’est pas le seul à pouvoir faire le choix d’une évaluation par compétence : on peut aussi évaluer par compétences au lycée. Les outils à notre disposition pour saisir nos évaluations par compétences proposent pour la plupart une conversion de cette évaluation en notes. Il n’y a donc pas de surcharge de travail à prévoir.
Évaluation en collège : pour quel objectif ?
Voilà l’une des ambiguïtés de notre école !
Elle doit à la fois former, pas à pas, à son rythme, chaque enfant, mais aussi classer, trier et orienter. Or, la note, en tant que chiffre, appelle plus facilement à classer, à faire une moyenne. Sur l’enjeu de formation et d’apprentissage, la note globale, ne permet pas réellement de rendre compte explicitement des acquisitions parfois très diverses, contenues dans ce chiffre. La « moyenne générale » disparaît d’ailleurs peu à peu des bulletins. Le premier degré qui n’a pas cet enjeu de diplôme a, de son côté, plus de facilité à faire le lien entre « travailler les compétences » / « évaluer des compétences » / « rendre compte de ces compétences de façon qualitatives ».
Au collège, l’évaluation collective du DNB, invite à un travail conséquent pour identifier ce que chacun met derrière chaque compétences, et pour croiser ses observations. Cette pluralité de regards au fil du cycle est d’autant plus importantes qu’une compétences est sensée être acquises lorsqu’elle peut s’actualiser dans différents contextes, et être stable dans le temps. Les notions d’équipe au collège, d’interdisciplinarité et de cycle d’apprentissage, sont en ce sens une richesse pour travailler et rendre compte des acquisitions des élèves. Mais cette pluralité de regards et cette dimension temporelle dans les apprentissages ouvrent un nouveau chantier.
Les temps de co-interventions peuvent faciliter ce travail et ces observations croisées, de même que des temps d’échanges réguliers et ciblés sur ces acquisitions. Des temps qui une nouvelle fois doivent être reconnus et valorisés, et non se sur-ajouter à la charge de travail habituelle des enseignants. Si les nouveaux outils tendent à faciliter la saisie des compétences et/ou notes, et leurs apparitions dans le bulletins, c’est bien le sens des compétences travaillées et la visibilité des repères apportées aux élèves et familles qui doit guider les équipes .
Une évaluation valorisante
Pour conclure, rappelons l’objectif : « une évaluation positive, simple et lisible, valorisant les progrès, encourageant les initiatives et compréhensible pour les familles » (Annexe de la Loi d’orientation et de programmation du 8 juillet 2013). L’essentiel est bien là.
Les retours d’expérience des collègues montrent que cet objectif peut être atteint de multiples manières. Pour le Sgen-CFDT c’est donc bien au collectif de travail de se saisir de cette question, de se l’approprier et de faire le choix qui lui convient le mieux.