PRÉSIDENTIELLE 2017: LA CFDT COMBAT LE FN

Parce qu’elle porte des valeurs de liberté, de démocratie, de solidarité et d’émancipation, la CFDT s’engage contre le FN et les idées qu’il véhicule. Décryptage de son programme de campagne, pour révéler ce qu’il cache.

La CFDT, en tant qu’organisation syndicale, n’a pas à prendre parti pour ou contre tel ou tel candidat. Cependant, la CFDT ne peut pas traiter le FN comme les autres partis politiques, parce que le FN n’est pas un parti comme les autres. Son programme économique est irresponsable, son projet social est inégalitaire et xénophobe, et son projet politique est autoritaire et antidémocratique.

LA PRÉFÉRENCE NATIONALE, C’EST LA FIN DE LA SOLIDARITÉ

La préférence nationale, c’est le cœur idéologique du Front national, depuis sa fondation en 1972, quel que soit son dirigeant, quel que soit le contexte économique et politique. La préférence nationale, ce n’est que l’égoïsme déguisé en vertu nationale. Elle est contraire à nos valeurs de syndicalistes, nous qui représentons des collectifs de travailleurs, solidaires quelle que soit leur origine, dans l’entreprise ou l’administration, comme entre les professions, au niveau local, régional ou national.

♦ LA PRÉFÉRENCE NATIONALE, COÛTERA CHER AUX FRANÇAIS

Contrairement à ce qu’affirme le FN, réserver la protection sociale aux Français ne ferait qu’accroître le déficit du système. Exclure les étrangers, qui sont en moyenne plus jeunes et plus actifs que la population globale, ferait perdre plus en cotisation qu’il ne ferait économiser en prestation.

♦ LA PRÉFÉRENCE NATIONALE, C’EST LE CHACUN POUR SOI

La préférence nationale, c’est la fin de la solidarité de tous avec tous, qui constitue le socle de la République française. Après deux systèmes de protection sociale, un pour les Français, un pour les étrangers, pourquoi pas un pour chaque profession ? Un pour les jeunes et un pour les plus âgés ? Un pour les riches et un pour les pauvres ? Et pourquoi pas la préférence régionale ? Lorsque l’on commence à détricoter la solidarité nationale, nul ne peut savoir où cela s’arrête.

♦ LA PRÉFÉRENCE NATIONALE, UN PROJET DE SOCIÉTÉ INACCEPTABLE

Comment justifier qu’un travailleur belge qui travaille en France puisse payer des cotisations sociales et ne pas avoir droit aux mêmes protections qu’un travailleur français ? Comment justifier que l’on prive certains enfants d’un avenir en ne donnant pas à tous le même accès à l’école et à l’éducation ? Comment justifier qu’un malade n’ait pas accès aux soins ? C’est parce qu’ils contribuent à notre modèle social que les étrangers doivent avoir les mêmes droits sociaux que les Français.


Pour nous qui défendons les salariés dans les entreprises, si l’on perd forcément en mettant les gens en concurrence, on gagne toujours à être solidaire. La CFDT agit pour la justice et la solidarité.
Et ses militants défendent l’intégration de toutes et tous. Pour nous, le renoncement à un projet national commun n’est pas possible. Il est destructeur du lien civique et de la solidarité et laisse le champ libre à tous ceux qui promeuvent une identité nationale sectaire et régressive.
La CFDT pense qu’aucune société ne prospère durablement en laissant de côté une partie de la population. L’égalité d’accès à l’éducation, à la culture, à la santé est créatrice de richesses et contribue au progrès social pour chacun et pour tous.


LA FIN DE L’UNION EUROPÉENNE ET DE L’EURO, C’EST LE MEILLEUR MOYEN DE PROLONGER LA CRISE

Pour le FN, l’Europe est la seule responsable des difficultés sociales et économiques françaises. Sous prétexte de reprendre le contrôle, la politique du FN, c’est la destruction des outils de souveraineté construits depuis plus de 40 ans, c’est perdre tout contrôle sur notre avenir collectif.

♦ REPRENDRE LE CONTRÔLE NE SE FERA PAS EN SORTANT DE L’UNION EUROPÉENNE

Hors de l’UE, la France est condamnée à voir son poids économique et son influence politique diminuer au fur et à mesure que d’autres puissances économiques émergent (Inde, Chine, etc.). Pris isolément, les pays européens seront tous marginalisés dans le monde de demain, alors qu’ensemble ils représentent une des premières puissances économiques de la planète.

♦ REPRENDRE LE CONTRÔLE NE SE FERA PAS EN SORTANT DE L’EURO

Le FN veut renoncer à l’euro pour pratiquer une dévaluation compétitive.
Sortir de l’euro appauvrira les Français et la France. La charge de la dette, contractée en euro, deviendra insoutenable. Ce sera le cas pour les entreprises, mais aussi pour la dette de l’État, détenue à 70 % par des épargnants étrangers. Il ne sera plus possible d’emprunter pour financer la sécurité sociale, les services publics ou les investissements d’avenir. Et l’épargne des Français placée dans une dette publique devenue insoutenable verra également sa valeur chuter. C’est par exemple le cas de l’assurance-vie : plus d’un tiers des ménages français seront concernés, le quart des ouvriers, le tiers des couples avec enfants, et bien plus de la moitié des commerçants et chefs d’entreprise. Les plus riches, eux, pourront toujours placer leur argent à l’étranger.
Le coût de la vie augmentera pour les plus modestes. Les prix des produits que l’on importe exploseront à cause de la dévaluation. Cela concernera les produits de consommation courante (les vêtements), les produits payés en dollar (l’essence) ou fabriqués exclusivement à l’étranger (l’électronique). Tout cela deviendra hors de portée pour les classes moyennes et populaires. Mais les entreprises qui importent pour fonctionner et produire seront aussi pénalisées.


Plutôt que de sortir de l’euro, la CFDT préfère le réformer pour construire une croissance durable et inclusive. La CFDT choisit de poursuivre la construction d’une véritable puissance européenne sociale, démocratique et économique.
Dans le monde incertain qui nous entoure, l’UE est le meilleur moyen d’unir les forces et de constituer un bloc politique et économique de taille à imposer ses valeurs et son modèle social à la Chine ou aux États-Unis.
C’est à cette échelle que l’on peut agir et s’assurer de notre sécurité, notre souveraineté énergétique, et de notre capacité à sanctionner les multinationales coupables d’évasion fiscale – comme l’illustrent les récentes sanctions de la Commission européenne envers Apple.


LE PROTECTIONNISME DU FN NE SAUVERA PAS L’INDUSTRIE FRANÇAISE, IL LA DÉTRUIRA

Face aux difficultés qu’a entraînées une mondialisation mal régulée, trop souvent au service des seuls intérêts économiques, le FN fait encore une fois le choix du simplisme : la fermeture des frontières serait l’unique solution. Nos adhérents qui travaillent dans les entreprises savent bien que nos économies et nos emplois sont interdépendants mondialement et qu’exporter permet de faire tourner les usines. Ils savent surtout que les recettes économiques du FN sont comme les recettes économiques des ultralibéraux : elles ne servent que de prétexte pour ne rien faire en matière de formation, d’investissement ou d’innovation, pour ne pas s’engager dans un modèle de développement plus performant et plus soutenable. C’est risquer de ruiner les consommateurs et salariés français, ainsi que leurs industries.

Taxer les importations pour financer des prestations sociales afin de soutenir le pouvoir d’achat, c’est le retour de la « TVA sociale » : la « contribution sociale sur les importations » ne sera pas payée par les entreprises étrangères, mais par les consommateurs français. On reprendra d’une main ce qu’on aura donné de l’autre. Ceux qui s’en sortiront le mieux, ce seront ceux qui épargnent le plus, c’est-à-dire les plus riches.

Taxer les importations alourdira les coûts de production des entreprises qui s’approvisionnent à l’étranger et produisent en France – dans la chimie par exemple. Cela se répercutera sur les prix payés par les consommateurs, sur les salaires, sur l’emploi, sur l’investissement et sur le réseau de sous-traitants et de fournisseurs.

C’est l’emploi de l’ensemble des salariés qui est menacé par la politique protectionniste du FN. Les emplois des salariés dans les secteurs exportateurs (industrie, commerce mais aussi services) subiront de plein fouet les représailles de nos partenaires commerciaux. Les emplois qui sont directement liés aux exportations (les emplois de la sous-traitance et des fournisseurs) seront également menacés. Mais même les emplois dits « non délocalisables » en pâtiront : les salariés des secteurs exportateurs sont des consommateurs ; une baisse de leur pouvoir d’achat aura un effet négatif puissant sur le développement local.

Le plan de ré-industrialisation du FN est une coquille vide ! L’avenir de l’industrie et de ses emplois suppose de relever plusieurs défis : le redémarrage de l’investissement et de la recherche, la mise en oeuvre des transitions écologique et numérique, la montée en compétences des salariés, et le développement d’un dialogue social de qualité dans les entreprises pour accompagner tous les changements. Sur toutes ces questions essentielles pour l’avenir de l’industrie française, le FN n’a rien à proposer.


Pour la CFDT, mieux réguler, mieux protéger sont des combats à mener. Elle s’y emploie au quotidien : elle lutte sur le terrain contre le dumping social et les dérives autour du travail détaché, elle participe activement à ériger des obligations légales pour une responsabilité sociale, environnementale et fiscale des multinationales.
La CFDT, avec la CES, revendique pour l’Europe un changement de gouvernance économique, un modèle social renouvelé et une véritable réforme démocratique. Les deux organisations veulent construire une Europe sociale en commençant par une assurance-chômage européenne.


LE FN NUIT GRAVEMENT AUX FEMMES

Le FN, c’est le parti de l’inégalité. Il est partisan de la ségrégation scolaire, il est partisan d’une fiscalité qui avantage les plus riches, et sa « préférence nationale » n’est qu’une façon d’organiser l’inégalité des droits. Ce parti pris inégalitaire nuira tout particulièrement aux femmes.

♦ LES IDÉES DU FN SONT INCOMPATIBLES AVEC L’ÉMANCIPATION DES FEMMES

Marine Le Pen s’affiche en femme libre et moderne mais elle est aussi celle qui considère que « le progrès pour les femmes, c’est de rester à la maison ». Antiféministe, le FN ignore la santé maternelle et infantile, la prévention et la prise en charge des grossesses non désirées comme la lutte contre les infections sexuellement transmissibles. Concernant l’IVG, Marion Maréchal-Le Pen, considère que « ce n’est pas à l’État de réparer les inattentions des femmes », alors que 72 % des femmes qui avortent sont sous contraception.

♦ CONTRE LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES, LE FN N’A AUCUNE PROPOSITION

 

Le FN est le seul parti ayant unanimement voté à l’Assemblée nationale contre la loi du 4 août 2014, qui renforçait notamment tous les dispositifs de lutte contre les violences faites aux femmes et la récidive. Les violences subies par les femmes sont utilisées par le FN pour stigmatiser la population immigrée, alors que 86 % des viols ou des agressions sont perpétrés par une personne connue de la victime, parent, ami, connaissance, ou ancien petit ami.FN et femmes

De façon systématique, les élu-es FN votent contre tous les rapports ayant trait à l’égalité entre les femmes et les hommes. Dans le projet du FN, rien n’est envisagé contre les stéréotypes de genre. La question de l’égalité professionnelle n’est pas un sujet pour le FN : inutile de s’occuper des inégalités salariales, des conditions de travail et de l’emploi des femmes puisque, de toute manière, les femmes doivent rester à la maison…


La CFDT pense que l’égalité entre les femmes et les hommes est une évidence à défendre. Au travail comme dans la société, la CFDT est résolument engagée dans la lutte contre les inégalités entre les femmes et les hommes, comme elle le fait pour toutes les discriminations.


LE FN EST UN PARTI ANTIDÉMOCRATIQUE

Si le Front national prétend parler au nom du peuple, la réalité de son programme, de sa pratique et de ses discours révèle que son intention effective est la confiscation du pouvoir, l’élimination de la contestation et la mise au pas de l’ensemble de la société.

♦ LE FN N’AIME NI L’INDÉPENDANCE NI LA CONTESTATION

Le FN a toujours montré une volonté de brider les associations et les syndicats soit par le biais des collectivités locales qu’il contrôle, soit par l’entrisme de ses militants. Cette politique serait reprise au niveau national : toute l’histoire de l’extrême droite européenne nous apprend son opposition viscérale à la démocratie.

♦ LE FN PROMET LE RETOUR DE L’AUTORITÉ, MAIS EN FAIT IL PRATIQUE L’AUTORITARISME

Le culte du chef ou de la cheffe, irrigue la pratique politique des élus frontistes. Les pratiques locales de gouvernance témoignent de cette idéologie où la participation n’est possible que lorsqu’elle vient du haut de la pyramide.

♦ LE FN N’AIME PAS LES CONTREPOUVOIRS

Ce qui caractérise la façon de gouverner des élus frontistes, c’est leur volonté de museler ce qui est perçu comme une opposition non désirable : de nombreuses réunions publiques sont ainsi en réalité ouvertes aux seuls soutiens, l’opposition politique et nombre de médias sont trop souvent interdits de parole, tenus à l’écart, voire intimidés. Il est également révélateur que le FN cible régulièrement les magistrats ou le conseil constitutionnel.

Les modèles étrangers de la présidente du FN (Vladimir Poutine, Donald Trump, Viktor Orbán…) sont de bons indicateurs de ce que serait son mode de gouvernement si elle était élue.

♦ LE FN MET LA FONCTION PUBLIQUE DANS SON COLLIMATEUR

Le FN refuse le principe statutaire de neutralité de la fonction publique. Pour le FN, les fonctionnaires doivent être au service du pouvoir politique. Il ne reconnaît ni leur indépendance, ni leur règles déontologiques (desquelles découle le devoir de désobéir à un ordre manifestement illégal). Mise en cause dans des « affaires », la présidente du FN a menacé explicitement les magistrats, les policiers, et plus généralement les fonctionnaires, d’avoir à lui « rendre des comptes ». Le Front national a ainsi levé le voile sur sa vraie nature : il est menaçant et autoritaire.

Pour la CFDT, le statut de la fonction publique sert à protéger les fonctionnaires contre tout type de pressions, qui peuvent venir aussi bien d’un supérieur hiérarchique que d’un élu ou d’un usager. La neutralité des fonctionnaires est indispensable à une fonction publique qui traite à l’identique l’ensemble des usagers. C’est en ce sens que ce statut est aussi indispensable aux usagers.


Les syndicats de la CFDT, dans les entreprises et les administrations, défendent les salariés contre l’autoritarisme, les abus de pouvoir, le déni d’expression, et le refus du dialogue social. C’est pour cela que la CFDT est aussi attachée pour défendre les contre-pouvoirs, le pluralisme et la démocratie.
La CFDT appelle de ses voeux les pratiques de participation des citoyens pour renouveler la pratique démocratique et répondre à la soif de démocratie réelle des Français.
Le monde que veut la CFDT conjugue des ambitions de fonctionnement démocratique, de développement économique, de répartition équitable de la richesse et d’émancipation des salariés et des citoyens. Le FN ne répond à aucun de ces objectifs.
Parce qu’elle porte des valeurs de liberté, de démocratie, de solidarité et d’émancipation, la CFDT s’engage contre le FN et les idées qu’il véhicule. Décryptage de son programme de campagne, pour révéler ce qu’il cache.


ALLER PLUS LOIN …

L’argumentaire « Présidentielles 2017, la CFDT combat le FN », à télécharger:

Populisme : comprendre, répondre et construire:

Vrai Faux – Les mensonges du Front national:

Voter FN nuit gravement aux femme:

Le FN, un parti comme un autre ?