Le Sgen-CFDT Picardie a écrit à Madame le Recteur de l'académie d'Amiens pour lui communiquer nos revendications (du temps, de la formation, des indemnités transparentes,...) dans la mise en œuvre des réformes. Aujourd'hui, les collègues sont au bord de la rupture et des mesures sont nécessaires.
La lettre ouverte
Madame le Recteur,
Le Sgen-CFDT Picardie a toujours soutenu la Loi de Refondation, qui incarne des valeurs chères à notre syndicat. Il a porté des revendications pour que le surplus de travail, les modalités de mise en place des programmes, des cycles et de tous les dispositifs attachés soient cohérents avec la charge de travail quotidienne de tous les personnels de l’éducation nationale.
Pour autant, dans les collèges et écoles de l’académie d’Amiens, nos collègues, de l’enseignant au chef d’établissement en passant par les assistants d’éducation, souffrent en ce moment face à l’ensemble des réformes mises en place cette année :
- réforme des programmes,
- du DNB,
- du Socle,
- de l’évaluation,
- sans compter les atermoiements autour du bulletin et du LSUN.
L’an passé, les formations de préparation ont été très disparates suivant les matières, passant de la formation lourde avec des attendus très exigeants, à la demi-journée où certains ont été oubliés d’être convoqués.
Des temps de concertation plus importants
Ils sont nécessaires à la mise en place de la réforme ; nous le rappelons dans toutes les instances depuis plus d’un an.
Malheureusement peu d’établissements ont pris en compte ce besoin, et les collègues sont obligés de se réunir sur les temps de pause du midi (qui n’est plus une pause), voire le soir, voire pendant les vacances scolaires, pour pouvoir faire progresser les dispositifs.
Aujourd’hui les équipes n’en peuvent plus ! Enseignants du premier et du second degré, équipes de direction, inspecteurs, formateurs du PAF sont, au bout d’un trimestre, au bord de la rupture. Même les collègues qui s’opposaient au changement font preuve de courage pour le bien des élèves, en essayant en équipe d’appliquer les textes qui s’enchaînent.
Et les quelques HSE allouées pour « remercier » les collègues impliqués dans la réforme n’ont pas permis d’améliorer la situation. Pire, l’opacité de l’attribution de ces heures dans les établissements a ajouté de la tension dans les salles des professeurs.
Nos revendications
Nous vous demandons donc plusieurs choses :
- Que les exigences données à tous les personnels intervenant en cycle 3 et 4 soient recentrées autour de la mise en place de la réforme. Le travail administratif des personnels de direction doit être allégé pour pouvoir consacrer plus de temps à coordonner le travail pédagogique avec les corps d’inspection du 1er et 2nd degré.
- Une prise en compte plus juste, par des indemnités ou décharge de service, de la charge de travail induite depuis l’arrivée de tous ces changements de pratiques.
- Reconnaître les temps de formations, y compris en classe virtuelle, comme du temps de travail.
- Répartir et planifier sur l’année les temps de coordination, formation et réunion afin de ne pas surcharger certaines périodes de l’année. Notamment prévoir des temps de concertation sur le temps face à face élèves sur la période après brevet, quand une bonne partie des élèves ont déserté les salles de classe.
- La suspension des inspections individuelles pour recentrer temporairement les collègues inspecteurs pédagogiques sur leurs missions de conseil des équipes pédagogiques.
- Que les dotations horaires des établissements concernés n’amènent pas dans les prochaines semaines trop de tensions concernant les suppressions de classe, amenant des classes surchargées où il est plus compliqué d’enseigner.
- Que de la souplesse dans les dotations horaires soit donnée pour éviter à des matières fragilisées des compléments de service ou des mesures de carte scolaire ; en s’appuyant sur des propositions pédagogiques dans le cadre de l’autonomie de l’établissement.
- Améliorer le fonctionnement des instances internes aux établissements (conseil pédagogique, etc.) pour instaurer un climat plus serein de partage, d’écoute, d’autonomie laissée aux équipes.
- Que soient mis en place, pour les conseils de cycle, conseils école-collège, conseils d’enseignement, des objectifs clairs et des calendriers réfléchis, et une animation par des personnes formées et préparées.
- Suspendre d’un an l’obligation de mise en place de LSUN, tout en laissant les équipes s’approprier l’outil pour se former et préparer sa pleine utilisation à la rentrée prochaine.
- Soutenir les personnels face aux attaques des politiques dans cette période pré-électorale, et aux attaques des journalistes s’appuyant sur PISA ou autre.
- Prendre en compte la santé des collègues, par la mise en place d’enquête et de dispositifs adaptés. Sans parler de notre revendication de toujours d’une véritable mise en place de médecine du travail dans notre Ministère.
Nous porterons ces revendications dans toutes les instances dans lesquelles nous siégeons et nous espérons que le dialogue pourra continuer, afin de venir en aide à nos collègues en difficulté. Il ne suffit pas que la réforme se fasse. Il faut que cette réforme produise les pleins effets espérés sans nuire aux conditions de travail des collègues qui sont aujourd’hui pleinement concernés et impliqués.